de Clément Rosset.
Que se passe-t’il dans l’esprit lorsqu’on navigue entre la vie et la mort ? Clément Rosset s’est noyé, mais sauvé de justesse, il a déliré dans un hôpital de Majorque pendant 17 jours. De ce voyage entre deux mondes, il est revenu riche d’hallucinations complètement rocambolesques qu’il nous livre ici.
Les aventures hallucinatoires de Clément Rosset ont quelque chose d’assez irrésistible dans leur absurdité. On le sait, il est rare de se souvenir de ses rêves, et encore plus rare de réussir à les raconter. Clément Rosset se souvient de tout, et dans leur éclatement, leur incongruité, ses hallucinations paraissent parfaitement crédibles et réalistes. Il rencontre ainsi Cicéron, des fanatiques de Chopin criant au complot, des preneurs d’otages, des esthéticiennes japonaises et autres charmants personnages.
Mais ce qui marque l’esprit plus que les péripéties hallucinatoires, ce sont les motifs récurrents qui apparaissent dans ces rêves : la soif intense qu’il est interdit d’étancher, et cet enfermement inéluctable qui passe le plus souvent par une immobilisation contrainte du corps. La succession de saynètes se transforme alors progressivement en un very bad trip anxiogène, le semi-coma une suite de cauchermars claustrophibiques tout à fait percutants.
J’ai lu par-ci, par-là, que certains lecteurs ont trouvé le livre hilarant, et moi pas vraiment. Absurde et beckettien par contre, bien évidemment. Mais en ce qui me concerne, pour être une grande cauchemardeuse de ce style-là, j’ai surtout trouvé extrêmement bien rendu le caractère récurrent (et douloureux) de certains motifs obsessionnels de l’angoissé chronique. Et je me dis qu’elle est bien mince la frontière du sommeil qui nous sépare de la mort.
Ed. Les Editions de Minuit