Samedi après-midi, il pleut et je suis confortablement installée devant Irlande-Ecosse, 1ère demi-finale du Tournoi des VI Nations. Mais comment dire, le match est totalement inintéressant. Il pleut encore plus sur le stade dublinois que sur le pavé lyonnais, et même la gueule de beau gosse crotté du buteur irlandais ne suffit pas à éveiller ma fibre de supportrice de base. Un coup d’oeil au « Petit Bulletin », et hop, je prends mon courage à deux jambes, mon meilleur et unique parapluie, et je pars au ciné.
Je ne sais pas ce qu’il se passe en ce moment dans les cinémas lyonnais, mais la programmation est faiblarde, et répétitive. La récente cérémonie des César m’ayant fait prendre conscience de mon très faible patriotisme en ce qui concerne le cinéma, j’ai donc décidé d’aller voir un film français labellisé 100% Viande Française :
Le temps des porte-plumes
de Daniel Duval
Lieu de projection :
Le bien-nommé cinéma « Ambiance » au centre de Lyon. Ce cinéma est un peu particulier, car c’est le cinéma d’Art et d’Essai le plus bruyant de la ville. Pas à cause d’une horde de Djeuns, mais d’une horde de retraités, tous contents d’être là pour leur sortie de la semaine, donc ça papote, ça papote, ça papote… Hormis le niveau sonore particulièrement élevé, la grande salle de l’Ambiance est toute kitsch, papier peint à volutes, et grosses lampes, en forme de grosses bouboules sur les côtés.
Lieu du film :
L’essentiel du film se déroule et a été tourné (en partie) dans l’Allier (regardez bien les plaques d’immatriculation ;)). C’est un film rural, ça se passe en 1954, à la ferme avec des vaches, des chevaux et de la volaille (et là on se dit « Duval a mis 20 ans à faire se film, et heureusement pas un de plus, parce qu’avec la grippe aviaire… »).
L’histoire :
Soit je n’étais pas très concentrée, soit le début est un peu confus, mais ce que j’ai retenu c’est que le héros, Pippo, 9 ans, est enlevé à sa famille citadine par les services sociaux, placé chez les bonnes soeurs puis chez un couple d’agriculteurs, Gustave et Cécile. Pas des mauvais bougres, mais pas très affectueux non plus. Pippo se construit, ou plutôt se reconstruit dans ce milieu qu’il ne connaissait pas, il se fait des amis (une petite fille, un gars qui revient d’Indochine, et la « sorcière » du village), mais aussi des ennemis…
Première impression mitigée:
Un peu confus, un peu mou, le début du film ne m’a pas vraiment séduite. On attend de la noirceur, de la violence, mais on ne la ressent pas. Pourtant il y aurait eu de quoi faire. C’est peut-être un parti-pris de ne pas faire pencher le film vers la dureté et le pathos. D’ailleurs, c’est un peu comme ça durant tout le film. On sent une réalité édulcorée. Même lorsque Cécile ramène Pippo à l’orphelinat, car elle ne le supporte plus, on n’y croit pas vraiment.
En parallèle de l’histoire de Pippo, on suit les tourments amoureux de Pierre (le gars qui revient d’Indochine). L’histoire est sympa, mais un peu déplacée je trouve. Le film aurait gagné en durée et cohérence sans ça.
Mais c’est beau la tendresse quand même :
Là où le film devient vraiment intéressant, c’est dans les moments de tendresse. Le premier bisou que Pippo donne à Gutave (Jean-Paul Rouve, pas mal), les moments passés en compagnie de la « sorcière » Alphonsine (Annie Girardot, décidement bouleversante quoi qu’elle fasse), ce « Je t’aime » qu’elle lui dit, surement le premier qu’il entend de sa vie… Il semblerait que Duval soit donc un faux dur et un vrai tendre. Ces quelques scènes illuminent le film et lui insufflent vie et émotion.
On peut également noter l’excellente prestation de Denis Podalydès, irrésistible en instituteur accablé, et l’amour avec lequel Daniel Duval filme les choses de la terre. Rien d’exagéré, ou d’erroné dans sa reconstitution du monde rural, mais de la tendresse encore !
Enfin, on retiendra la bouille aux oreilles décollées et aux étranges yeux noirs du jeune Raphaël Katz, sobre dans sa détermination, mais lumineux dès qu’il sourit !