Chronique film : Juno

de Jason Reitman.

Quelle sombre déception que ce film prétentieux et faussement décalé dont j’avais entendu beaucoup de bien. Avec Juno, on est clairement dans le film trompeusement indépendant, qui veut faire croire au spectateur qu’il regarde un truc audacieux et mal-poli, alors qu’il assène une morale rétrograde et malsaine.

Juno, 16 ans, est enceinte d’un athlète godiche de son bahut et essaie d’imiter le timbre de voix de Marianne Faithfull en balançant des répliques acerbes. Déjà, on y croit pas deux minutes, Ellen Page, en ado hyper mature (mais qui ignore qu’il faut mettre une capote pour baiser), est mauvaise à hurler, elle minaude à fond les ballons pour faire croire que voilà, elle a déjà tout compris de la vie, et que les autres sont vraiment des gros nazes. C’est assez navrant. Elle se décide à faire adopter son bébé par un couple mal assorti. La femme une caricature de la bourgeoise futile en manque d’enfants, hésite entre deux nuances de jaune absolument identiques (la seule scène vraiment drôle du film), et le mari compositeur, faussement muselé par sa femme, est totalement immature.

Distillant une image assez méprisante de l’humanité, sans beaucoup de tendresse, Juno glace par sa morale : gloire aux bourgeoises étriquées avec une belle maison et plein d’amour à donner, aux adolescentes réfléchies (haha, t’as quand même oublié de mettre une capote ma p’tite) et généreuses, et honte sur ces hommes à la recherche d’un peu de reconnaissance, immatures, égoïstes et incapables d’assumer les responsabilités de la paternité.

Don’t Juno ? sortez couverts bon dieu, ça nous évitera les daubes.