Chronique film : Tous les soleils

de Philippe Claudel.

Alessandro, veuf d’origine italienne, enseigne la musique baroque à la fac de musicologie de Strasbourg. A sa charge, sa fille de 15 ans, et son frère, anar irrécupérable qui a fui “la dictature de Berlusconi” et refuse de quitter l’appartement de son frangin tant que le despote est au pouvoir. Ajoutez à ça une bande de copains relativement barjos, et vous obtenez un petit panorama de l’univers d’Alessandro.

Le problème de Philippe Claudel, c’est qu’il n’est ni un bon scénariste, ni un bon metteur en scène, ni un bon directeur d’acteurs. Ca fait beaucoup. Le film manque cruellement de construction, de rythme, ça part un peu dans tous les sens (comme la vie me direz-vous, certes), la caméra est le plus souvent posée là, à la va comme je te pousse, et surtout, pour un film somme toute très musical, les acteurs sont globalement très mal accordés. Dans l’ensemble, ça joue faux, et s’il n’y avait l’inénarrable Neri Marcoré, et la délicieuse Clotilde Courau, qui en seulement une poignée de scènes réhausse clairement le niveau d’interprétation global du film, on aurait vraiment passé un moment fort longuet.

Mais voilà, soyons honnêtes, malgré l’immensité de ses faiblesses, on prend quand même un certain plaisir en visionnant ce film, et on se surprend souvent à sourire, pour pas grand chose. Il y a de la sincérité là-dedans, malgré les maladresses, et quelques scènes sont franchement hilarantes (je me répète mais je ris encore des scènes de Neri Marcoré). Mine de rien, Philippe Claudel dessine bien ses personnages et réussit à leur donner vie, malgré tout. La galerie des personnages concoctée est à la fois variée, cohérente, et sympathique (la bande de potes, le groupe de musique, le flic qui soutient qu’il est normal pour des manifestants de caillasser les CRS, que c’est leur rôle…), et on se sent bien dans cet univers, ouvert, et joyeux malgré les drames. On retiendra également la bande originale et ses agréables tarentelles.

Pas le film du siècle, mais un film qui finit par remporter l’adhésion malgré tout.