de Robert Benchley.
Parfois, on a besoin de légèreté, et quand cette légèreté prend l’apparence d’un livre de chez Monsieur Toussaint Louverture, on ne peut que saliver. A la force de l’attente se couple donc une certaine dose d’exigence, jusqu’à présent jamais déçue par les livres de cette maison d’édition. Remarquable, n’est-ce pas ? vient donc légèrement ébranler le bel édifice.
L’objet est bien sûr sublime et plein d’invention (la nouvelle en pied de page !), là, rien à redire. La belle couverture rouge, bien illustrée fait plaisir à l’oeil et à la main, et quand on voit à quel prix exhorbitant certains grands éditeurs nous vendent des livres sans aucun intérêt d’un point de vue de l’objet-livre, on pleure.
Remarquable, n’est-ce pas ? est composé de courts textes, chroniques quotidiennes des travers de l’humain, ou conseils de grand sage aux lecteurs. Le ton de l’ensemble des chroniques est pince-sans-rire à mort. On savoure vraiment certaines chroniques, assez désopilantes. Beaucoup aimé notamment les conseils pour réussir à museler les gens qui reviennent de vacances alors que nous même ne sommes pas partis, ou encore les conseils pour réussir à passer la journée au bureau sans rien foutre. Certaines choses restent complètement d’actualité et n’ont pas pris une ride : on rit beaucoup par exemple lorsque Robert Benchley nous raconte les voyages en train lorsqu’il y a des enfants dans le wagon. Le livre est par ailleurs accompagné d’un CD sur lequel on peut trouver quelques lectures sympathiques de L. L. de Mars qui a clairement choisi les meilleurs chroniques.
Malheureusement, l’ensemble de ces textes, assez hétérogènes sur le fond, est également très inégal. Outre quelques moments très savoureux, j’avoue que mon enthousiasme est souvent retombé, et avoir lu plutôt mécaniquement la plupart des élucubrations de Benchley. Je ne me suis pas vraiment sentie concernée par tout ça. Et puis, disons-le, c’est tout de même un peu daté comme écriture.
Malgré de très bons moments, pas complètement comblée donc par ce Remarquable, n’est-ce pas ? dont j’attendais probablement trop de bien-être après des lectures émotionnellement chargées. Ceci-dit, c’est sympathique et vraiment très joli sur l’étagère.
Ed. Monsieur Toussaint Louverture
Trad. Paulette Vielhomme et Fanny Soubiran