de Solja Krapu.
Je ne choisis pas souvent des livres à cause de leur couverture et de leur esthétique générale, mais là, ce fût un peu le cas. Bravo donc aux Editions Gaïa pour l’agréable objet que constitue cet ouvrage.
A part ça, on ne peut pas dire que Hors-Service soit le livre qui va révolutionner ma vie. Rien de catastrophique non plus. L’histoire de cette prof de lettres, femme modèle, efficace, ayant l’impression de se sacrifier pour les autres, mais finalement complètement coincée dans sa vie et les stéréotypes auxquels elle adhère malgré elle, est plutôt plaisante. Eva-Lena, c’est son nom, en voulant prendre de l’avance sur son planning, part faire des photocopies au collège un vendredi soir après les cours. Elle se retrouve coincée dans le cagibi aux photocopies, condamnée à attendre que quelqu’un vienne la délivrer. Et c’est très long. L’enfermement, progressivement, l’amène à reconsidérer sa vie, son comportement en général.
Sur un ton taquin, et aiguisé, Solja Krapu dresse le portrait de cette “sainte” auto-proclamée avec une certaine finesse. La construction effectue des aller-retours temporels et géographiques bienvenus, permettant de mieux cerner la vie et les motivations d’Eva-Lena, et la façon, dont à plus de quarante ans, elle commence à réévaluer sa vie, ses comportements, sa façon d’être vis à vis d’elle-même et des autres. L’enfermement dans cette pièce minuscule, sans hygiène, sans eau ni nourriture, et surtout sans le regard des autres, sert de révélateur à l’héroïne.
Solja Krapu a une belle plume pour dessiner des personnages cohérents, vivants, frôlant souvent le stéréotype mais finalement très crédibles. Le livre se lit facilement, avec plaisir, sans réel émerveillement non plus. Une petite sucrerie aigre-douce après une série de lectures plutôt difficiles émotionnellement. Pas mal.