Chronique film : Avatar

de James Cameron.

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Clique si tu n’as pas peur que ça s’effrite.

Eh oui, il faut le dire, même si ça fait mal : Avatar est un gros navet. Pour qui se fiche comme d’une guigne de la technique, il ne reste à l’écran qu’un film médiocre et très peu intéressant. Pourtant ça commence plutôt pas mal avec cet histoire d’un soldat au corps marqué par l’Histoire (il est paraplégique) et à qui on donne la possibilité de devenir partie prenante d’une recherche scientifique pointue en intégrant le corps d’un hybride d’humain et d’extraterrestre. L’homme ne semble plus pouvoir survivre que via des corps qui ne sont pas les siens : soit des corps mécaniques (masques à oxygène, robots militaires), soit des corps vivants d’une autre espèce. L’idée est donc plutôt bonne au départ.

Hélas. Plus le film avance, plus l’esthétique et le traitement de l’histoire deviennent ringardes. C’est bien simple, on dirait que Cameron a joué à tout plein de jeux vidéos d’aventures disons de la période 2001-2006 (genre la saga Myst, ou Schizm pour les connaisseurs) et qu’il tente de reproduire (mal) les décors de ces jeux. Par conséquent, c’est vraiment du déjà-vu, les couleurs sont relativement infâmes, ça va beaucoup trop vite et le tout se transforme rapidement en un maëlstrom coloré tout à fait moche. Les extraterrestres ne sont pas convaincants (sauf leurs oreilles, expressives), jouent très mal (un comble pour des créatures numériques), l’animation n’a fina

lement rien d’extraordinaire. En ce qui concerne l’histoire là aussi, pas grand chose de puissant : l’humanité est en bout de course, la course aux profits provoque aveuglement, guerre et destruction (jusqu’ici on ne peut qu’être d’accord), mais heureusement les gentils extraterrestres bleus proches de la nature s’unissent et réussissent à vaincre l’homme, à le renvoyer dans sa merde sur Terre, pour continuer à communier avec les arbres. Le héros préfère perdre son humanité pour rester parmi les êtres bleutés. C’est beau, tout à fait louable. Le seul souci, c’est cette merveilleuse société bleue, si proche de la nature, et qui pourtant, sous la caméra de Cameron, réussit à vaincre l’humain en reproduisant ce qu’il y a de pire en lui : pas d’autre moyen que la violence pour juguler la violence (on va quand même pas se laisser marcher sur la gueule hein), éloge permanent du courage virile (notre héros est accepté parmi les êtres bleus parce qu’il réussit à dompter un gros pioupiou pas gentil, putain, il a de ces couilles quand même).

Du coup toute la réflexion sur la fin de l’humanité, et le choix d’un autre chemin de vie tombe singulièrement à plat : pas sûre qu’une société composée uniquement de chasseurs, même proches de la forêt, soit la voie de salut de l’humanité (l’a jamais dû se promener dans les bois un jour de chasse Cameron). On assiste donc à un complet hors-sujet, le réalisateur n’a clairement rien compris à son thème (pourtant louable à la base), et a laissé la technologie complètement bouffer la réflexion. J’ai beaucoup lu que l’attaque du grand arbre était une métaphore du 11 septembre (pourquoi pas), et que Cameron allait très loin en suggérant que l’armée américaine était responsable de cette attaque. Hypothèse intéressante, mais pas sûre que Cameron soit allé aussi loin dans sa réflexion. J’ai plutôt l’impression que, comme dans tout bon film américain il y a les bons (les extraterrestres) et les méchants (les hommes), point barre.

Le film est, de plus, d’un sérieux papal, pas un gramme d’humour, de second degré. Il est également totalement dénué de ce qui faisait des précédents films de Cameron des réussites : de sentiments au milieu du grand Barnum. L’histoire d’amour entre les machins virtuels se contente d’un simple baiser très niais. On est très très loin des déchirements d’Abyss et de Titanic. Un ratage total donc, de plus de 2h40. Ca fait long le ratage.

Une réflexion sur « Chronique film : Avatar »

  1. Critique impeccable, mademoiselle. Révérences en 3D.

    Posté par Gols, 05 janvier 2010 à 22:05
    COURBETTES.

    Gols : vous m’avez beaucoup inspiré, monsieur, je ne pouvais qu’être d’accord avec vous

    Posté par Anne, 05 janvier 2010 à 22:47
    Tu ne le sais pas, mais depuis que je prends le temps de lire tes critiques, j’économise un pognon fou. Alors avec toutes ces économies qui dorment, dis moi ce qui te ferais plaisir.

    Posté par Didier, 06 janvier 2010 à 08:57
    CADEAU

    Didier : que tu vois les films dont j’ai dit du bien !

    Posté par Anne, 06 janvier 2010 à 21:09
    Je me suis relu quelques unes de tes critiques ciné ces derniers jours (et ai découvert ton sommaire de tous les fims, un boulot de gue-din). Je me suis bien poilé et ça m’a évité d’aller voir Avatar auquel j’ai failli cédé. Merci !

    Posté par djiwom, 09 janvier 2010 à 16:51
    D’accord avec toi sur les pseudo-messages mais je n’attendais rien de ce côté là. C’est du cinéma de divertissement et je ne me suis pas ennuyé. Certes c’est dans la lignée de la Sci-fi des années 90 mais comme j’ai été fan de ces lectures dans ma jeunesse ça m’a donné un coup de jeune

    Oui il y a plein de scènes ridicules comme celle des indigènes chargeant avec leurs flèches et leurs animaux les hélicos, les tanks etc. Mais ça m’a rappelé la charge désespéré des polonais contre les allemands et j’ai trouvé ça ridiculement émouvant.
    Le jeu des indigènes oui c’est de l’animation mais je la trouve plutôt réussi et que sait on du jeu d’acteurs des extra-terrestres. Quand je regarde les films japonais des années 60 j’ai la même impression
    Bref du cinéma de divertissement dans lequel il ne faut pas chercher de messages mais juste un bon moment.

    Posté par lasiate, 10 janvier 2010 à 05:05
    CRITIQUES

    Djiwom : révérence Ne prends cependant pas ce que je dis pour argent content hein, vas voir Avatar si tu veux, je m’en voudrais de t’enlever un sujet de discussion dans la cour de récré Si tu veux lire des critiques brillantes, très souvent poilantes, parfois de mauvaise foi, mais toujours pertinentes, vas voir du côté de Shangols : là ce sont vraiment des »gue-dinSSS »

    Lasiate : ah je n’ai rien contre le divertissement, hein, soyons clairs : j’avais adoré Titanic (malgré son naufrage ça n’avait pas beaucoup de fond), qui est du pur spectacle ou Abyss (mais il y a un chouia plus de matière dans celui ci), j’adore Tarantino (qui ne brille pas par son analyse philosophique)… Mais là, honnêtement, je me suis fait c… Et comme quand je m’ennuie j’essaie de comprendre pourquoi, j’ai tenté de réfléchir à ce que j’avais vu. Et là, franchement, pas vu grand chose qui m’ait estomaqué. Sur le fond, je pense réellement que Cameron avait un message à délivrer, pas d’accord avec toi de ce point de vue là donc. Il a voulu aller au delà du divertissement pur, donc il s’est drapé dans sa cape d’homme sérieux, et il a produit Avatar. Et ça n’a pas fonctionné avec moi : images trop datées sur de la musique Nature et découvertes, sur fond d’utopie New age dévoyée… Bouarf. Cependant ça cartonne, ça doit bien faire résonner quelque chose chez les spectateurs donc. Je suis trop insensible

    Posté par Anne, 10 janvier 2010 à 11:55
    T’inquiète, je le prends pas toujours pour argent comptant. Mais pour Avatar, à mon avis, tu ne te trompes pas…

    Posté par djiwom, 19 janvier 2010 à 14:18
    TROMPERIE

    Djiwom : alors c’est ton choix, je dénie toutes responsabilités Va voir Tetro, ça, ça va te plaire !

    Posté par Anne, 22 janvier 2010 à 22:38

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