de Marie NDiaye
Drôle d’impression que me laisse ce livre. J’ai tout d’abord détesté les cent premières pages, une aversion profonde, viscérale pour les personnages de Marie NDiaye, pour cet univers glauquissime dans lequel absolument rien ne brille. Mais l’écriture de Marie NDiaye, elle, est brillante et fascinante, et c’est la force de cette écriture qui finit par convaincre. J’avoue avoir du mal à adhérer aux personnages, à l’histoire de Rosie Carpe. Trop de grisaille, de fiel, de détestation de l’humanité, sans que j’arrive à discerner une réelle sincérité, mais plutôt une posture, formidablement tenue, mais au final assez artificielle.
Ce qui fascine par contre c’est bien l’écriture de son auteur. Avec une maîtrise totale, Marie NDiaye forge son récit, en se coulant de manière incroyable dans la tête de ses personnages. Elle réussit à nous faire entrer dans leur psychisme (souvent détestable, et c’est de là que vient le malaise), grâce à une insistance dans son écriture, répétitive, précise. Elle creuse, répète, revient sur ses pas, creuse encore, comme un xylophage affamé. C’est d’un inconfort total pour la lectrice sensible que je suis. Mais je conviens tout à fait que c’est très impressionnant.
Un trip intellectuel stimulant, mais pas sûre cependant de vouloir recommencer cet éprouvant trip émotionnel.
Ed. Editions de minuit
Une réflexion sur « Chronique livre : Rosie Carpe »