Chronique film : Il était une fois

de Kevin Lima.

Il est beau le temps des fêtes, ou main dans la main, on amène la petite cousine au ciné, une poche du JouéClub sous le bras, et une boîte de pop-corn sucré sous l’autre. On essaie de se cacher à moitié derrière le bout de chou de 5 ans, qui demande avec application à la caisse deux places pour « le film de princesse », mais ça marche pas bien, on est quand même repéré. Une fois dans la salle, les fesses bien calées sur un rehausseur en plastique bleu, granuleux et rigide, le pop-corn vole partout au moindre mouvement (que l’inventeur du gobelet à pop-corn en forme de V soit maudit), les bandes-annonces défilent, les gamins s’agitent, on respire à peine, dans l’angoisse du fatal « j’ai envie de faire pipi », et finalement le film commence.

Bon, il faut être honnête, Il était une fois, est loin d’être désagréable, et fait plutôt bonne figure au milieu de la bousaille Disneyenne de ces dernières années, pourrie par de nombreuses séquelles à pognon. La première partie du film revient aux sources de la « magie Disney », du dessin animé classique, une jeune fille qui volette, entourée des animaux de la forêt, dans une maison champignon, et chante en attendant son prince charmant. C’est du déjà-vu, mais l’animation très « retour aux sources », et la présence de mille références aux vieux Disney fait plutôt du bien aux yeux. Aussi, quand la future princesse est propulsée en plein New York bien réel, par la méchante belle-mère, qui lui refuse le mariage avec son gendre, on est presque déçu. Mais l’intrusion de cette fille de dessin animé dans la cradouille NY est assez rigolote, avec sa robe à froufrous, ses mouvements graciles, et ses yeux pervenches. Elle recherche son prince, s’exclame en voyant un nain « Grincheux, c’est toi ? », et tente de forcer la porte d’une pancarte en forme de château enchanté. La transposition d’une princesse de dessin animé dans le monde réelle donne lieu à quelques scènes assez drôles, notamment quand Giselle fait appel, comme elle avait l’habitude de le faire dans sa maison champignon, à toutes les bestioles du coin pour l’aider à faire le ménage. Mais à NY, les seules bestioles dispos sont les cancrelats, les rats et les pigeons boiteux.

La réussite repose sur les épaules de l’actrice principale, Amy Adams, vraiment très bien, rescapée de moult séries ados américaines. Elle nous ferait presque croire que la vie est un beau conte de fée, mais on est pas dupe. A part ça, le film est un peu longuet, le prince fadasse, la méchante mal exploitée (mince quand on a Susan Sarandon dans une distribution, on lui donne un vrai rôle quand même !!), il y a le passage obligée du numéro à la Broadway dans un jardin public, et la scène finale n’est pas très bonne. A noter que la princesse est une petite coquine chaudasse, puisque qu’elle préfère se barrer du monde aseptisé et asexué du dessin animé, et plaquer son prince, pour se choper un beau papa célibataire New-Yorkais, qui, soyons en sûr, ne se contentera pas du chaste baiser mythique. Vous voulez que je vous dise ? les princesses, c’est plus ce que c’était.