Chronique livre : Le Club

de Leonard Michaels.

Mouais, malgré les bonnes (voire excellentes) critiques glanées ici et là, Le Club, ce n’est pas grand chose grand chose. Rien de honteux certes, mais rien de bien formidable non plus. Leonard Michaels raconte la constitution d’un club un peu spécial, un club uniquement constitué d’hommes ne se connaissant souvent que par personnes interposées. Ces hommes se réunissent chez l’un d’eux, Kramer, psychologue de son état. Ils sont médecin, agent immobilier ou enseignant et se retrouvent donc dans l’intérieur douillet de Kramer pour faire ce que font les hommes entre eux (ce n’est pas moi qui le dit mais Leonard Michaels sur le quatrième de couverture) : boire et manger (beaucoup), se battre (un tout petit peu), et surtout parler de leurs histoires de cul et de coeur (énormément). Bref, à la place du rassemblement viril auquel on s’attendait, on assiste plutôt à un déballage de tripes façon troupeau de pipelettes.

Pourquoi pas après tout. Le problème c’est que cette succession d’histoires est bien peu passionnante. Certes en sous-texte pointe une certaine noirceur, un certain désenchantement, l’incroyable difficulté à communiquer, à se comprendre, à se comprendre soi-même et à comprendre l’autre. Il en ressort une vision de la masculinité bien peu reluisante, pour tout dire ces hommes plus qu’imparfaits ne sont même pas émouvants, et on peine donc vraiment à s’intéresser à leur sort. Pour le dire de manière crue, ces mecs pourtant d’un niveau social élevé, sont 100% pur beauf. Le style a clairement mal vieilli. Le Club a été écrit en 1978, mais ça sent les années 50-60 poussiéreuses. On est très loin de la sombre et féroce finesse de Richard Yates par exemple, malgré un style et des préoccupations assez similaires.

Le livre est sauvé de justesse par son final, pour le coup subtil, drôle et cruel. L’arrivée de la femme de Kramer, en apparence impassible devant son salon dévasté par cette bande de mâles, et retournant contre son mari ses techniques psychanalytiques de résolution des conflits, est formidable. Et quand cette femme pète les plombs, une femme qui avait jusqu’à présent tout accepté de son mari (les centaines de maîtresses, notamment) sans jamais se plaindre, Kramer se demande avec une incroyable naïveté ce qu’il se passe, il ne comprend pas, en toute sincérité. On peut lire Le Club pour ces quelques ultimes pages intéressantes, sinon, si on aime ce genre de littérature, je conseille plutôt de se plonger dans les oeuvres de Richard Yates.