de Vincent Jolit.
Troisième livre lu dans le cadre du Prix du roman Fnac 2016, et tout de même jusqu’à présent j’ai vraiment du bol. Parmi les quatre cent et des brouettes romans de la rentrée littéraire de septembre, il doit y avoir beaucoup de déchets, et touchons du bois, je n’ai pas l’impression d’être tombée dessus. Si, tout comme les deux livres précédents de la sélection, Un ours qui danse n’a pas fait accélérer mon rythme cardiaque au point de hurler au chef-d’oeuvre, il se lit cependant avec plaisir et intérêt. Bref, c’est tout à fait honnête.
Abordant un sujet qui me semble finalement assez peu pris en charge par la littérature romanesque contemporaine, Un ours qui danse nous embarque malignement dans une histoire en creux de la danse moderne et contemporaine, depuis sa naissance au début du vingtième siècle, jusqu’à son utilisation aujourd’hui par une femme en quête de la réappropriation de son corps. Trois portraits, trois époques, trois motivations et finalement le même besoin d’acceptation, de soi, de son corps, de son passé, la même envie d’aller de l’avant, de ressentir, de vivre.
On suit avec intérêt donc ces trois histoires, notamment celles de Franz et de Fiodor, puisque dans ces deux récits, Vincent Jolit se place au coeur des bouleversements les plus importants de la danse au vingtième siècle (et de l’Histoire avec sa grande H, entre révolution et guerre mondiale), l’explosion du carcan classique par Nijinski, Diaghilev, Stravinski et bien d’autres à la veille de la première guerre mondiale, puis l’avénement du post-modernisme dans les années 50-60. Tout ça est rondement mené dans un style enlevé et agréable.
Le principal souci dans ce livre, c’est que justement, ce style enlevé et agréable, on a déjà l’impression de l’avoir lu cent fois, et avec un peu plus de maîtrise et de génie chez d’autres. D’autres qui sont d’ailleurs cités de manière explicite dans le livre, Echenoz et Carrère, excusez du peu. On pourrait aussi y rajouter Deville pour être un peu plus complet. C’est bien fait, aucun doute là-dessus, c’est très agréable, on se sent à la maison. Mais au niveau du style, du coup, on n’est pas franchement bousculé. On aurait également aimé un peu plus de passion et de ressenti dans la description de la danse, de ce que ça provoque dans le corps, dans les tripes. C’est abordé, mais c’est un peu sage, un peu littéraire, pas tout à fait à l’unisson de ce que fait vibrer la danse d’un point de vue viscéral chez le danseur, ou même le spectateur.
Rien de grave, Un ours qui danse pourrait trouver son public, amateurs de danse et de Télérama. C’est charmant, bien écrit, enlevé, tout à fait recommandable et sans faute de goût. Et puis prendre la danse comme sujet, c’est finalement assez ambitieux et casse-gueule pour qu’on puisse saluer la prise de risque.
Ed. Editions de la Martinière