Chronique film : My Blueberry Nights

de Wong Kar-Wai

Bon bon bon, voilà un film vite vu et vite oublié, je ne sais même pas si je m’en souviendrai assez pour aller jusqu’au bout de cette critique. Ce n’est pas que ce soit catastrophique, loin de là, il y a même de très belles choses, mais la légèreté de l’interprétation de l’actrice principale frôle l’indigence totale : il faut le dire, Norah Jones est très mauvaise, malgré son joli minois. Quand elle ne parle pas ou doucement, ça passe encore, mais dès qu’elle ouvre la bouche pour sortir un peu les tripes, c’est la débâcle. Un peu comme si elle se mettait à chanter du Björk, je sais pas si vous voyez. Bref.

A New York, Elizabeth est en pleine rupture amoureuse, et soulage sa peine en se goinfrant de tarte aux myrtilles dans un bistrot, tenu par un charmant jeune homme (Jude Law, pas trop mal). Ça ne fonctionne pas vraiment, alors elle taille la route (ou plutôt la voie ferrée), devient serveuse à Memphis, puis dans un bled à côté de Vegas. Les vies qu’elle croisent, malmenées, histoires d’amours brisées (un couple, une fille et son père), la ramènent à NY, vers le charmant tenancier de bar.

Côté scénar, c’est un peu léger, mais visiblement WKW s’amuse comme un gosse à s’approprier quelques clichés américains : les bars, les grands espaces, la route, les salles de jeux. Même le jeu des acteurs est, dans son ensemble, très cliché, plein d’afféteries. Seule Chan Marshall, dans une unique et très jolie scène, montre un peu d’une retenue qui sied beaucoup mieux à l’ensemble. Un peu cliché mais agréable cependant, la bande-son, parsemée de jolies chansons douces, clin d’oeil aux deux chanteuses du film, et un clin d’oeil également à In the mood for love, avec une reprise sympatounette du thème principal. Visuellement par contre, le film est une vraie réussite. L’Amérique vue par WKW, c’est quelque chose. Sur des thèmes mille fois rebattus, on arrive à s’émerveiller de la moindre tâche de couleur, reflet d’une feu rouge, ou personnages derrière des vitrines. La photographie est de toute beauté, chaque plan pourrait être encadré et accroché au mur. Bien sûr, WKW applique ses recettes habituelles, mais dans un nouveau cadre, ce qui leur donne une dimension supplémentaire.

Un peu spectateur de son propre film, comme il doit l’être des Etats-Unis, le réalisateur porte un regard « naïf » sur des américains en roue libre, tout en les plongeant dans son univers ultra-personnel. Finaud et pas mal.