de Nancy Huston
Ahhh que ça fait du bien de lire des choses bouleversantes. J’avais été éblouie et tourneboulée par son dernier roman (Lignes de faille, dont je n’ai pas fait la critique – mea culpa – mais Gols l’a emballée-pesée ici). Je me suis donc jetée sur Dolce Agonia.
J’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire si dense, et pourtant si courte. Beaucoup de personnages, de digressions, et autres flash-back, une lecture hachée, m’ont obligé à reprendre parfois quelques pages en arrière pour faire un point sur qui est qui, qui fait quoi. Mais bien vite, on s’adapte à ce rythme si particulier, ces vagabondages de l’esprit, ces voyages aux tréfonds des souvenirs.
La trame est pourtant déroutante de simplicité et d’intelligence. Sean, écrivain et professeur d’université, invite 12 de ses amis à dîner. Chaque chapitre, correspondant à une partie de la soirée, est entrecoupée par l’intervention de Dieu qui explique de quelle manière il va les faire mourir, un par un. On sait donc une chose sur ces gens qu’ils ignorent, tandis qu’ils nous apprennent, de part leurs comportements, réflexions, et souvenirs, tout ce qu’ils sont, ou ont été.
Malmenés, odieux, émouvants, humains, ou inhumains, rien de leurs émotions ou turpitudes ne nous échappent. Cette plongée au plus profonds des être est magnifique, et le regard porté sur ces personnages par Huston est admirable de tendresse. Pourtant, ils sont bien petits et mesquins ces intellectuels, mais apprendre à les connaître, c’est apprendre à les aimer. On sait tout de ces gens en à peine 500 pages, tapées en police 20, c’est extrêmement brillant, et riche. Ce livre contient autant de films qu’il y a de personnages, tant de concision, tant de matière si intelligemment utilisée, ça mérite un respect profond.
Encore une fois la littérature d’outre-Atlantique me fout une grande claque dans la gueule, et un grand coup de point dans le ventre, et me fait chialer dans le train. Ca devient une habitude.
Ah… une proposition de livre à lire, ça faisait longtemps !
J’en profite pour dire le plus grand bien de la collection Babel d’Actes Sud… Voilà un petit coup de coeur en passant !
Oh!
Oh n’exagères pas quand même ! Même pas un mois !
Je suis d’accord pour Babel, c’est un bonheur rien que l’objet-livre
euh, littérature d’outre-Atlantique ? Tiens j’avais zappé cette appartenance…
?
b obi : Plaît-il ? développe !
encore un point commun…. Nancy Huston à chaque nouveau livre, me remue, me boulverse, m’atteint en plein coeur. Je n’ai pas encore lu le tout dernier ligne de faille. Mais la Dolce Agonia semble m’avoir un peu changé pour toujours… je ne ressors jamais intacte d’une de ses lectures. elle arrive à mettre un p’tit grain de sable à ma propre construction. Et le plus fort de tous c’était « l’emprente de l’ange ». Tu l’as lu ?
J’ai été surprise par ce « outre-atlantique » car j’avais retenu que Huston écrivait en français… (plus exactement je crois qu’elle écrit ses textes en anglais puis les traduit elle-même en français, trouvant que ça améliore son écriture) Bref, quelle nationalité donner à sa langue ? (nous allons y réfléchir ce week end !)
Failles
Nath : Lignes de faille est encore bien meilleur que Dolce Agonia je trouve, plus resserré, et plus puissant. Pas lu l’Empreinte de l’Ange, mais je pense que progressivement, je vais lire l’intégrale
B obi : Oui Nancy Huston vit en France depuis 1970, mais elle est canadienne, et a longtemps vécu aux USA. Sa vision de l’humanité est plus proche de la vision des grands auteurs américains, de par sa tendresse et son amplitude, que de l’approche française, je trouve. Il y a beaucoup d’amour dans son regard, les auteurs français actuels sont plus cyniques, plus analytiques. Enfin, ça n’est que mon tout petit avis !
ai eu du mal à le terminer .. trop dur, pas le bon moment, pas ceci pas celà … trop bouleversé.. c’est tout!
Dispo
Fabrice : merci de ta visite et de ces trois coms ! Il faut un peu de disponibilité de l’esprit pour ce bouquin, assez touffu ! Bonne soirée.