de A. M. Homes.
Voilà bien longtemps que je n’avais autant ri à la lecture d’un roman. Ce livre va vous sauver la vie s’avale en se bidonnant comme un délicieux congolais fait maison le soir de Noël (je me comprends).
Voilà donc Richard Novak, un riche gestionnaire de capital (son propre capital), à la vie sédentaire réglée comme du papier à musique. Se lever tôt, s’entraîner sur son tapis de course pendant des heures, tout en surveillant ses fluctuations bancaires, manger les repas sains soigneusement composés par sa diététicienne, son train train habituel le rassure et lui permet de vivre sans trop se poser de questions. Et puis un jour, il est atteint par une étrange et immense douleur, c’est là que tout déraille. Les médecins ne lui trouvent rien, mais il prend cette douleur comme un avertissement. Ajoutée à ça, une dépression circulaire apparaît dans son jardin et ne cesse de s’approfondir jour après jour. En partie parce qu’il le décide, en partie parce qu’il le subit, Richard Novak va devoir ouvrir sa vie aux autres, et apprendre à gérer l’imprévu (ou plutôt les imprévus et quels imprévus !).
Surfant sur la vague de la remise en question existentielle de l’homme entre 40 et 50 ans (bon dieu, mais qu’ai je fait de ma vie? j’ai tout raté, machin, machin), sur les stéréotypes californiens (centres de remise en forme, débauches d’argent, célébrités dans tous les coins, rêve américain, homosexualité…), Homes nous livre un roman désopilant, flirtant souvent dangereusement avec la caricature, mais sans jamais y tomber et qui fait du bien autant qu’il grince. Doué pour faire naître des situations cocasses, des personnages insolites, mais toujours bien dessinés et émouvants, il a surtout un sens du rythme et du dialogue assez remarquables. Ca fuse dans tous les coins, avec une maîtrise parfaite, rebondit avec aisance pour toujours retomber sur ses pieds. On est assez impressionné par cette manière magistrale de réussir à maintenir l’attention du spectateur (du lecteur, je veux dire, lapsus révélateur), de ne jamais rien relâcher, que ce soit dans les passages rapides et épiques ou ceux plus contemplatifs.
A la fois débridé et émouvant, flirtant sans vergogne avec le cliché pour mieux rebondir dessus, Ce livre va vous sauver la vie, à défaut de vraiment sauver la vie, la rend beaucoup plus gaie et joyeuses le temps de sa lecture, et c’est toujours ça de pris. Un sacré bon moment. Vous reprendrez bien un donut ?