de Bill Condon.
Au risque de perdre mon lectorat le plus distingué et précieux, et conformément à ma règle de conduite qui m’oblige à écrire sur tout ce que je lis, et vois au cinéma, me voilà donc contrainte d’écrire quelque chose à propos de cet attrape-”adolescentes prépubères”, la saga Twilight.
Après quelques jours passés à Paname, à entendre glousser dans le métro des donzelles toutes émoustillées par la sortie prochaine du nouveau volet de la saga, et me remémorant mes propres amours vampiresques passées (ou presque), j’ai décidé de me pencher un peu sur ce “phénomène”. Bon, globalement, on pourrait comparer Twilight a du décaféiné soluble premier prix sucré à l’aspartame : en apparence, c’est gentil et inoffensif, on boit ça pour son bien, mais sur le long terme, c’est un empoisonnement lent et répétitif (5 épisodes visiblement) au politiquement correct rétrograde.
Dans Twilight, la famille vampire se nourrit de sang d’ours et pas de sang humain (parce que c’est pas bien de tuer des humains, il vaut mieux continuer à massacrer les rares ursidés restant sur cette planète), ils sont gentils comme tout, brillent au soleil, n’ont pas d’odeur, et surtout, pour notre héros, c’est no sex before marriage, monsieur à des principes. Sa fiancée, qui visiblement est un peu en manque, et on ne peut que la comprendre, s’en mordra d’ailleurs fortement les lèvres d’avoir voulu coucher avec son buveur de sang de lapin, dans une scène d’accouchement soft-gore un chouia douloureuse. On se demande comment ce détournement total du personnage du vampire (symbole hypersexuel par excellence, dangereux, cracra) a pu à ce point plaire au public. On n’est très très loin de Murnau, Herzog ou Coppola, loin de Stoker ou même de Rice. L’adolescente cible est probablement à l’image de l’héroïne Bella, gentiment perturbée (parents divorcés, ouh lala pas bien), se sentant un peu en marge (mais pas trop non plus), pas très bien dans ses baskets, et malgré tout un peu effrayée par la transgression.
Les rares scènes de la saga qui pourraient apporter un peu de subversion à tout ça (les poussées suicidaires de Bella suite au départ de son vampire, l’attirance pour son copain le loup-garou qui pue le chien, la tant attendue scène de sexe), sont comme édulcorées, délavées. Les réalisateurs passés derrière la caméra ont visiblement tous eu le même cahier des charges : faire naître les émotions en en montrant le moins possible, utilisant tous les plans de coupe imaginables pour combler les failles. Mais du coup, rien ne fonctionne, on a l’impression de voir défiler devant ses yeux une bande-annonce de deux heures, qui n’a rien à raconter à part son ode à l’abstinence (avant et après le mariage aussi), et son penchant anti-avortement.
La dernière demi-heure de ce quatrième épisode, gentiment gore, laisse peut-être entrevoir une éclaircie dans cette débauche de mélasse puritaine, ainsi que certaines répliques assez drôles amenant à penser que, peut-être, les scénaristes commencent à saturer de tant de sucre sans sucre (“Je n’en ai pas trop fait?” demande la vampirette préparatrice du mariage devant une pièce montée de toute évidence too much, ou encore l’humaine tout à la fin qui se fait bouffer parce qu’elle est nulle en orthographe). On se demande un peu si la plus grande transgression du film, et malgré le problème orthographique, ne serait pas au final le nom de son réalisateur.
Reste maintenant à savoir si je serai assez perverse, masochiste et perturbée pour aller voir le cinquième épisode. Ce qui ne m’étonnerait pas.