de Steven Soderbergh.
Steven Soderbergh a toujours été un cinéaste polymorphe, inégal, mais globalement passionnant. On ne sait jamais où on va le retrouver, et c’est le cas avec ce Contagion qu’on serait bien en peine de qualifier. Contagion est un film de “virus” certes, mais pas du tout un film de zombie. Et si film d’horreur il y a, c’est bien par son implacable côté réaliste.
Contagion raconte donc la propagation, puis la régression progressive d’un virus mutant dans la population mondiale. On assiste, par le biais de quelques personnages, à la diffusion de personne à personne de l’épidémie, à la recherche du patient zéro, à la prise de mesures de prophylaxie dans une ville américaine, à la recherche du virus, puis du vaccin, aux luttes de pouvoir des labos, à la naissance d’une théorie du complot par un pseudo-journaliste fêlé… Mais chez Soderbergh, les morts contaminés (de préférences de grandes stars hollywoodiennes) ne se relèvent pas de leur tombe pour boulotter les gentils humains, ils sont simplement enfermés dans des sacs hermétiques et jetés dans des fosses communes.
Cet hyperréalisme entraîne le spectateur dans l’horreur quotidienne : le constat est effrayant. Cette épidémie n’est en effet pas sans rappeler le SRAS, H5N1 ou encore dernièrement H1N1. Et Soderbergh ne fait que révéler la fragilité de la population humaine. Sauvée certes dans le film, mais jusqu’à quand ? L’apparition du virus (révélée à la toute fin), est en effet totalement hasardeuse, à la fois imprévisible, mais pourtant hautement probable (élevage intensif, absence de mesures d’hygiène…).
Le réalisateur fait preuve d’une parfaite maîtrise de la caméra et du montage, et, comme à son habitude, dirige tout aussi bien les grandes vedettes que les acteurs moins connus : ils sont tous excellents, (Marion Cotillard étant décidément un peu plus inspirée quand elle tourne en anglais qu’en français). Le film est rythmé, bien construit, implacable et impeccable, un film concept et expérimental. Flippant comme il faut.
Une réflexion sur « Chronique film : Contagion »