Chronique film : Dans la brume

de Sergei Loznitsa.

PRESS-exported (7)Je suis à deux doigts de hurler à la fraude totale devant le succès critique de ce film. Non pas qu’il soit scandaleusement mauvais, loin de là, mais il me paraît tout de même largement surévalué par une presse extasiée.

Durant la seconde guerre mondiale, en Biélorussie, trois hommes. Deux sont résistants, Burov et Voitik, le troisième, Sushenya, est soupçonné de collaboration. Les deux résistants sont chargés d’exécuter Sushenya, qui, malgré ses protestations d’innocence, semble comme soulagé de voir débarquer les deux compères. Mais l’exécution n’a pas lieu. Sergei Loznitsa explore alors les itinéraires de Sushenya et de Burov, pour faire découvrir aux spectateurs les raisons de cette situation terrible.

Son montage et sa construction sont un des grands atouts de ce film. Il comprend trois grands flash-back, et ce qui lui confère une espèce d’architecture circulaire, contenant plusieurs boucles, une pour chaque personnage. Cette structure donne vraiment toute sa force au film, permettant au spectateur de progressivement comprendre les parcours de chacun, et surtout leurs motivations. La fin de la “boucle” Suchenya est particulièrement réussie. Le pauvre gars est libéré par les allemands. Aux yeux de tous il devient un traître alors même qu’il a refusé toute collaboration. Il traverse le village, et découvre les corps pendus de ses camarades. Cette scène fait écho à la première scène du film : dans le même village, au moment de l’exécution de ses amis, la caméra suivait le même chemin que Sushenya, mais ne se retournait par pour montrer la pendaison, celle-ci ayant lieu par conséquent hors-champ. Des scènes en miroir, intimement liées, et qui donnent alors un beau souffle au film.

Ces moments sont malheureusement trop rares. Le discours du film tourne autour du fait que la guerre fait changer les gens, nul n’est vraiment innocent et le vrai innocent ne peut s’empêcher de se sentir coupable. C’est tout à fait intéressant. Le problème, c’est la longueur. Le film est vraiment beaucoup trop long, 2h10. Le réalisateur étire ses plans au maximum, mais de manière inutile. Ça ne fait pas monter la tension ou l’angoisse, ça ennuie surtout un max. Cette lenteur semble complètement fabriquée, comme une volonté de faire un film exigeant à tout prix. Mais lenteur et longueur ne sont pas forcément synonymes d’exigence.

C’est vraiment dommage, le sujet, la construction, et le talent du réalisateur, alternant plans fixes et travellings lents, à eux seuls, suffisaient à apporter de la force et de la profondeur à ce film, qui se prend finalement un peu trop au sérieux.

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