de Brigitte Roüan.
Je voue un culte à Brigitte Roüan depuis Travaux, on sait quand ça commence…, une de mes comédies préférées, pleine de légèreté, de fantaisie, mais aussi d’intelligence. Alors non, Tu honoreras ta mère et ta mère n’est pas un film sur le mariage pour tous, mais un film sur les difficiles rapports de filiation et notamment les relations ambiguës entre une mère et ses fils.
Jo (Nicole Garcia, très bien) a une mère, quatre fils, encore plus de belles-filles et une multitude de petits enfants. Tout ce beau monde se retrouve une fois par an, en Grèce, prenant pour prétexte à leur réunion familiale un festival franco-grec de théâtre.
On retrouve dans Tu honoreras ta mère et ta mère certains des atouts de Travaux…, l’unité de lieu, la fantaisie débridée, le sens du dialogue. Certaines répliques sont excellentes, et le scénario globalement très intéressant. Comment parler des rapports mère-fils et de leur Oedipe ailleurs qu’en Grèce ? Tout le film est ainsi une mise en abyme, une pièce de théâtre qui se monte sur le théâtre familial dans la patrie de la tragédie et de la mythologie grecque. C’est brillamment intelligent, et ça fonctionne souvent. Je ne peux m’empêcher de citer Emmanuelle Riva, magnifique en Cassandre, et incroyablement touchante en granny vieillissante et fragile. Il y a des scènes particulièrement émouvantes, qui reposent sur presque rien, un silence qui s’installe, un moment d’absence, un sirtaki. Le film est également l’occasion pour Brigitte Rouän de parler de la situation grecque, comme elle parlait des sans-papiers dans Travaux…
Le film manque tout de même un peu de rythme. Il paraît long alors qu’il est finalement assez court. J’y vois plutôt un souci de montage que de mise en scène, dont le côté foutraque n’a cessé de m’enchanter. Brigitte Rouän ose tout, des envolées lyriques aux petits gags à deux balles, elle brasse large, de la comédie familiale au film social. J’aime beaucoup ce cinéma, libre, libéré, sensible, intelligent et surtout très drôle.