de Romain Verger.
La vie se meurt ici à petit feu, un coussin sur la tête.
Un homme se remémore sa descente aux enfers, depuis son embauche dans une déchetterie jusqu’à sa nuit de noces cataclysmique. Enfermé dans un asile, il tente de raconter la dislocation de son couple et nous donne surtout à voir la désintégration de son être.
Romain Verger réussit à capter l’attention de son lecteur très rapidement. L’ambiance est étrange, oscillant entre le quotidien, le trash et le fantastique. Ultra-référencé, le roman invoque les force telluriques et minérales, à la fois de la ville et de la campagne pour installer une atmosphère extraordinaire et pénétrante, remplie de bestioles et propice à l’infiltration dans l’esprit du lecteur d’émanations délétères sinon mortelles. C’est bien fait et bien construit.
L’auteur a le sens de la scène, cinématographiquement parlant, et parvient à imposer des images fortes dans l’esprit du lecteur : une femme enfermée dans sa chambre qui hurle durant sa nuit de noces alors que la fête bat son plein à l’étage du dessous, cette effrayante famille lynchienne en diable…
Les matières traversaient mollement l’écume anionique, s’enfonçant dans le bleu de méthylène d’une chute lente de noyés.
Malgré tout, j’ai personnellement un petit problème avec le style qu’a choisi l’auteur. Très classique, voire même opulente (adjectifs et références à foison, utilisation d’un registre lexical soutenu), mais manquant pourtant parfois de précision, cette langue me paraît à la fois un peu datée et étrangement à côté de son sujet. On se demande même s’il n’y a pas de temps en temps du second degré qui traîne là-dedans, mais pas sûr. C’est bien entendu une question de goût, la lectrice que je suis préfère généralement les choses plus directes et moins torturées.
Fissions dégage cependant un véritable charme, ou plutôt une véritable attraction et un appétit de lecture. Un livre étrange, bizarrement anachronique dans le paysage littéraire actuel. Bref une curiosité.
Ed. Le Vampire Actif Editions