de Daphne Du Maurier.
Etonnant recueil de nouvelles d’une des héroïnes littéraires de mon adolescence, Daphne Du Maurier. Nouvelles de jeunesse, publiées de manière éparse dans différentes revues, les textes qui composent ce volume présentent néanmoins une grande homogénéité dans le ton, d’une lucidité et d’une cruauté absolument terrifiantes.
Malgré son très jeune âge, une vingtaine d’années en moyenne au moment de l’écriture, il semblerait pourtant que l’auteur ait tout compris des zones d’ombres de l’existence. Sa plume est d’une acidité parfois difficile à soutenir. Dans l’ensemble de ces nouvelles, Du Maurier essaie de mettre à jour ce qui se cache derrière les apparences : un révérend irréprochable, un amoureux transi, une femme pleine de dévouement. Faire tomber les masques, révéler, au-delà des discours mielleux, la vérité des êtres, voilà ce qui intéresse la jeune femme. La Poupée est ainsi un recueil plein de noirceur, de pulsions, de misère et de déchéance morale.
Et si le ton de ce recueil et les obsessions qui s’en dégagent sont globalement homogènes, l’auteur fait preuve d’une grande inventivité en ce qui concerne la forme de ses textes. Elle expérimente, teste, pour mieux faire émerger les faux-semblants. De l’évocation, au monologue, en passant par cet échange épistolaire entre deux amoureux dont il ne nous ait donné à lire que les missives, d’abord enflammées puis refroidissantes, de l’homme, Daphne Du Maurier s’autorise une grande liberté dans sa manière de faire. Malgré les situations parfois un peu désuètes, ces nouvelles n’ont clairement pas pris une ride.
Audacieuses dans leur forme, dynamiques et perçantes de par leur écriture, elles constituent un ensemble vraiment passionnant et qui donne envie de (re)-découvrir la grande Daphne Du Maurier.
Trad. Marilou Pierrat
Ed. Albin Michel