d’Arnaud des Pallières.
Michael Kohlhaas est un homme comme un autre, quand on lui mord la couille gauche, il se met soudain à manquer d’humour. Sa couille gauche, en l’occurrence, ce sont deux magnifiques chevaux noirs, retenus par un petit baron mesquin et méchant (d’ailleurs ça se voit sur sa tête qu’il est petit, mesquin et méchant). Ni une ni deux Kohlhaas, tout en superbe monolithique cuivrée, rassemble une armée et massacre tout le monde pour réclamer justice. Il y perdra sa femme et sa vie, mais pas son honneur. Tout est bien qui finit bien, parce que Michael Kohlhaas est un homme de principe.
Au bout de dix minutes de film, on sait déjà qu’il va falloir tenir encore près de deux heures et qu’on n’aura pas la moindre surprise. Michael Kohlhaas est fondamentalement un film sans surprise. Personnages plantés à coup de marteau dès le début, plans interminables sur la lande sauvage, la forêt sauvage, les rochers sauvages, le brouillard sauvage, acteurs concernés au dernier degré (même la jolie petite actrice avec son joli petit visage fermé finit par être insupportable de sérieux), musique folklorique revisitée lourdingue, on a l’impression d’avoir vu ça mille fois, sans se souvenir vraiment où. Sans doute le film m’a t-il vaguement fait penser au catastrophique Only God Forgives de Nicolas Winding Refn avec son héros monobloc, violent et pas franchement risou-risou.
Le film n’est pourtant pas sans qualité. Esthétiquement plutôt réussi, Michael Kohlhaas recèle aussi quelques plans intéressants, bien montés et surtout une évidente envie de bien faire. Mais ça ne suffit pas, la mayonnaise ne prend jamais. Plombé par ses dialogues et son trop grand sérieux, le film semble comme paralysé par la rigueur cinématographique marmoréenne qu’il tente de mettre en œuvre. On en vient presque à regretter Kevin Costner dans Robin des bois, prince des voleurs. Bien tenté mais un film pour rien.