d’Alizé Meurisse.
…, c’est grisant de refuser d’être soi.
Quand Allia publie des jeunes auteures, j’ai toujours un peu peur du syndrome de la fille ayant du mal avec sa propre réalité. Neverdays vient mettre à mal mes préjugés, même si justement, il est question ici d’identité, de vérité de l’être et des sentiments.
Le roman est, il faut le dire, plein de défauts : souvent maladroit, un peu jeune dans l’écriture, bourré du grand mal de la littérature française, la référencite aiguë. Mais le truc, c’est qu’Alizé Meurisse, malgré tout ça, réussit vraiment bien à nous embarquer dans son histoire. Un acteur de cinéma, beau, intelligent, mais se comportant comme un connard fini dénué de sentiments apprend à être lui-même en s’injectant un ADN qui lui fait prendre l’apparence d’un gars lambda. Sous les traits d’un petit gros normal, il tombe amoureux et commence à réfléchir sur sa vie, ce qu’il veut vraiment. On est dans le thème classique du “il faut tomber le masque, se dépouiller de ses apparences, de son armure rouillée pour réussir à se trouver et à trouver les autres”, mais l’écriture d’Alizé Meurisse possède un dynamisme, un rythme, une pêche auxquels il est vraiment difficile de résister.
On rit beaucoup, avant de pleurer, on se laisse prendre par cette liberté, ce flow ultra-rapide comme si on était vraiment plongé dans le cerveau de ce gars, cet espèce de Jean-Claude Van Damme, mâtiné de Bret Easton Ellis, qui aurait lu Spinoza, et mélange français, anglais indifféremment. Et puis l’auteure fait aussi passer quelque chose de touchant sur la misère affective et sentimentale via un humour assez trash et vulgaire. On retrouve là un petit quelque chose du très beau Carnet retrouvé sur Cadavre de Kevor Lewandowski, même s’il n’y pas ici la même maîtrise stylistique et la même sincérité.
Neverdays est une réussite, encore un peu brute et maladroite mais efficace et surprenante, et surtout un objet littéraire véritablement contemporain qui capte quelque chose du fonctionnement du cerveau de l’homme moderne : rapide mais dissipé, superficiel, passant d’une idée à l’autre au rythme d’un surf sur internet.
Ed. Allia