d’Emmanuel Adely.
moi je préfère être complètement mort en morceaux plutôt que de me balader avec un demi-sac de burnes t’en penses quoi toi
J’ai lu ce livre il y a un sacré bout de temps, mais les récents événements m’ont donné envie de vous en parler rapidement. La très bouleversante confession… c’est une plongée terrifiante dans la tête des soldats qui ont mené l’opération d’élimination de Ben Laden. Emmanuel Adely se fond dans ces esprits, capte leur langue, leur rythme interne, leurs préoccupations, leurs obsessions.
et ça c’est du confort dans la tête de pas avoir à déterminer ce qui est juste et ce qui est pas juste toi tu obéis et ça c’est vraiment du confort et de savoir qu’on réfléchit à ça pour toi c’est les autres qui te permettent de pas réfléchir à ces trucs politiques
simplement faire quelque chose qui te plaît et dont on te dit que c’est juste
Composé de trois chapitres, divisés en courts paragraphes numérotés, le livre est percutant. Ça va vite, ça va très vite, la phrase retranscrit mouvement, parole et pensée dans un seul geste, avec une économie de moyens terrible. C’est une mitraillette qui atteint le lecteur crucifié par la rapidité du discours, le prosaïsme des préoccupations de ces hommes formatés, gonflés à la testostérone et transformés en quasi-machines à tuer.
Emmanuel Adely dévoile une part de l’humanité dont on ne parle pas, qu’on préfère ignorer. Pas de jugement de valeur là-dedans. Juste un constat, une retranscription à la fois fascinée et fascinante, attractive et répulsive. Et la découverte pour moi d’un auteur particulièrement pourvu.
Ed. Inculte