d’Emmanuel Villin.
C’est finalement malgré moi que j’étais devenu ce qu’on peut appeler un assez bon nageur.
Dans une ville en perpétuel chambardement, au bord de la Méditerranée, probablement Beyrouth, notre narrateur essaie vainement de croiser la route de Camille pour l’interviewer et écrire un livre sur la vie de ce mystérieux et charismatique personnage. Mais Camille se refuse, laisse traîner. Il ne reste plus à notre héros qu’à trainer ses guêtres dans la ville, lézarder sur un transatlantique d’un autre temps dans un club sportif d’un autre temps au milieu d’une ville qui accumule le béton à un rythme frénétique.
C’est intéressant et original ce petit roman indolent et cramé de soleil. Ca change. Ca amène ailleurs. Et c’est le gros point fort de ce joli livre, n’avoir finalement comme ambition principale que de nous raconter une petite histoire et de nous dresser en creux le portrait d’une ville tiraillée entre son passé et la pression du présent et de ses habitants. Suivant le rythme nonchalant et le regard légèrement décalé du narrateur, le style de Sporting club dégage une langueur curieuse et détachée. Des images persistent, un phare englouti progressivement par le béton, des murs qui s’effritent, un ciel hachuré de fils électriques, une projection en super 8 sur le toit d’une maison.
Il manque sans doute un petit quelque chose d’inexplicable pour avoir la sensation de lire une oeuvre complètement aboutie. Mais après tout, parfois, ce n’est pas si mal quand la porte reste ouverte.
Ed. Asphalte