de Jean-Baptiste del Amo.
En pleine saison de l’Amour est dans le pré, après avoir vu Petit paysan au cinéma et avoir parlé en ces pages de la Halle et de ses saucissons, on continue le trip tripes. Règne animal retrace l’histoire d’une famille de paysans du piémont pyrénéen, de métayers culs terreux avant la Grande guerre, à propriétaires terriens et éleveurs de porcs hi-tech dans les années 80.
Le grand talent de Jean-Baptiste del Amo, ce sont ses descriptions minutieuses. La violence des tranchées, l’égorgement d’un cochon, l’accouchement d’une truie, le moindre des épisodes de la vie de cette famille est décrite par le menu, dans une fureur de mots et de violence. Del Amo fait preuve d’une virtuosité linguistique et lexicale bluffante et tourbillonnante. Mais, il faut le dire, trop de virtuosité abat la virtuosité et Règne animal se fait par moment particulièrement pompeux. L’auteur cherche la puissance, le souffle permanent dans la densité de sa phrase mais en racontant son histoire dans cette extrême tension langagière, que ce soit pour parler d’une pâquerette ou de l’avortement spontanée de la mère dans une soue, le puissant devient pompant. On ne comprend même pas clairement pourquoi cette famille serait particulièrement maudite, quelle serait la faute originelle si terrrrrrrible qu’elle ait marqué d’un sceau indélébile le destin de la lignée. Virtuosité donc, mais virtuosité un peu mouillée quand même.
Ed. Gallimard
Tssssss, mais alors pas d’accord du tout, alors, mais alors là pas du tout du tout.
Voici une argumentation particulièrement dense.