Chronique film : Harry Potter et les Reliques de la Mort 2ème partie

de David Yates.

Autant la première partie des Reliques de la mort était étonnamment lente et contemplative et laissait une impression mitigée de navigation incertaine entre deux eaux, autant cette seconde partie remplit un cahier des charges beaucoup plus balisé : en mettre plein la vue pendant deux heures et bourrer l’écran et le spectateur de bruit et de fureur. De ce point de vue, David Yates a rempli son contrat. Son univers sombre, visuellement superbe fait toujours son petit effet. Retrouver Poudlard est un bonheur d’autant plus jouissif que l’école de magie finit en miettes et qu’on y prend un plaisir sadique tout à fait certain.

Malheureusement le film pêche (comme presque toujours d’ailleurs) par la faiblesse de son scénario. Outre les scènes d’actions tout à fait spectaculaires, le film n’emballe pas vraiment. Dans les précédents épisodes, David Yates avait réussi à glisser un petit quelque chose des troubles de l’adolescence, de l’évolution de ses personnages et de leurs interrogations personnelles. Ici, à part une épidémie de formation de couples pré-apocalypse, c’est beaucoup moins le cas. On tombe vite dans la niaiserie et le bon sentiment, à l’image de cette dernière scène, complètement neuneu et dégoulinante.

Par ailleurs, le parallèle entre le monde noir de Voldemort et le totalitarisme est beaucoup moins présent, et laisse sa place à un “simple” duel des méchants contre les gentils. Seul le personnage de Severus Rogue, plongé dans les tiraillements entre son amour pour la mère défunte de Harry Potter et les charmes du seigneur des ténèbres apporte un peu de complexité à cette histoire très binaire. La musique d’Alexandre Desplat n’arrange rien. Tout comme dans The Tree of Life, le musicien, dont j’aimais pourtant beaucoup le travail, compose une partition lourdingue, déjà mille fois entendue.

Il reste de cet ultime épisode de la saga Potter un bon film d’action, visuellement superbe. N’empêche. Je suis plutôt contente que ça se termine.

Chronique film : Harry Potter et les Reliques de la Mort 1ère partie

de David Yates.

Bon alors, quelles nouvelles du front Potterien ? Il faut avouer que pas grand chose en fait. Dumbledore est mort, Harry and Cie doivent retrouver des objets possédant chacun un bout de l’âme maléfique de Voldemort. S’ensuivent interrogations, états d’âme, bastons à gogo.

C’est toujours David Yates qui est aux commandes, on reste donc bien dans la continuité des deux épisodes précédents. Malheureusement, l’histoire nous tient ici éloigné de Poudlard. Dans le livre, ça ne posait aucun problème, J. K. Rowling a suffisamment de talent pour tenir son intrigue à bout de bras, quelque soit le décor. Yates a un peu plus de mal, le film accumule les décors (tous extraordinaires, il faut le reconnaître et visuellement magnifiques), et peine à trouver une cohérence. C’est ballot d’autant plus que, scindé en deux films, Yates pouvait consolider son scénario, et lui donner le temps de se mettre en place.

Mais curieusement il préfère (outre les inévitables scènes d’actions, vraiment bonnes dans l’ensemble) réaliser un film contemplatif, qui interroge plutôt les sentiments de ces adolescents bien montés en graine (jolie scène sous la tente entre Hermione et Harry), que leur quête des reliques maléfiques. Pari risqué, et partiellement réussi.

Ce qui est assez culotté dans le cinéma de Yates, c’est d’oser un film réellement sombre, crépusculaire, qui n’a vraiment rien à voir avec les tout premiers épisodes. Le monde de la magie devient un monde totalitaire, dominé par des forces obscures et on n’échappe pas aux scènes de torture, d’épuration ethniques. On commençait à entrevoir cette situation (mais uniquement au sein de Poudlard) dans L’Ordre du Phénix, l’échelle change ici, et ce sont toutes les strates de la magie qui sont touchées.

Dans le rang des points positifs, on peut citer un flash-back en forme de scène d’animation absolument sublime dans le film, des ombres chinoises vraiment belles. Autant vous le dire, on reste quand même sur sa faim, mais il aurait sans doute été décevant de ne pas l’être, la deuxième partie devant sortir dans quelques temps. Un épisode mi-figue mi-raisin donc, mais qui devrait trouver sa cohérence avec sa suite et fin.

Chronique film : Harry Potter et le Prince de Sang mêlé

de David Yates.


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Confirmation avec ce sixième volet de la saga Potter : David Yates, déjà au commande du précédent épisode, est un bon metteur en scène.

Condenser un roman foisonnant de plus de 700 pages en « seulement » deux heures et demi, c’est audacieux, et pas très réussi : l’histoire a beaucoup de mal à tenir un peu debout, l’élagage a été brutal, et on se demande parfois si HP6 n’aurait pas mérité, comme HP7, d’être scindé en deux parties. Mais l’univers fascinant créé par Yates suffit largement à faire tenir tout ça : sombre, voire très très sombre, angoissant, mais pas dénué d’humour du tout. C’est une belle réussite. Visuellement, les décors, les effets spéciaux et la photographie sont exceptionnels. La première scène décoiffe d’ailleurs, virée hallucinante dans les rues de Londres, pour finir en explosion du Millenium Bridge. Tout un symbole. Le monde de la magie s’effondre sous le poids du mal qui s’attaque également au monde « normal ». On peut regretter par contre une musique totalement consensuelle, les beaux efforts de Yates en ce qui concerne la mise en scène auraient mérité un peu plus punk, mais il ne faut pas trop en demander.

Les héros grandissent et les hormones flambent. C’est assez bien amené : au détour d’un plan on croise des ados qui rigolent niaisement, les filles sont toujours folles de la baguette d’Harry, mais celui-ci reste quasi imperturbable. J’ai toujours un gros coup de cœur pour la gamine qui joue Luna Lovegood (Evanna Lynch), en deux scènes, elle est absolument impayable avec ses lunettes à paillettes, ou sa tête de lion. Dommage donc que le scénario ait été sacrifié à ce point. David Yates a réussi à tirer son épingle du jeu de cette énorme machine, en prenant certes beaucoup de liberté par rapport au bouquin. Vivement qu’il soit « débarrassé » de la saga Potter pour se tourner vers des choses un peu plus personnelles.

Chronique film : Harry Potter et l’Ordre du Phénix

de David Yates

Au risque de passer pour une neuneu totale, j’ai beaucoup aimé l’épisode n°5 de la saga Potter. J’y allais plus me remettre l’histoire en mémoire (j’ai le dernier volume sur ma table de chevet, en attente d’un rafraîchissement de cerveau nécessaire), que par réelle envie.

Beaucoup plus sombre que ces petits frères, HP5 étonne par son audace visuelle. Seul Cuaron avait jusqu’ici essayé, avec plus ou moins de succès, de mettre un peu de personnalité dans une machine ultra-produite. Yates y parvient assez souvent, malgré les grosses ficelles finales (le director’s cut c’est pas encore à l’ordre du jour).

On n’est souvent pas très loin du film d’horreur, et ça fout gentiment les jetons (gamine j’aurais pas dormi pendant une semaine après avoir vu ce film). Les décors sont assez fascinants, notamment le Ministère de la Magie, labyrinthe sombre et maléfique, la salle des prophéties avec ses milliers de boules de verre, et le bureau de Dolores Ombrage, au rose kitschissime, les assiettes de porcelaine aux chats miaulant accrochées au mur. Rien de clinquant ici, les bestioles sombres et inquiétantes, l’atmosphère lourde et poussiéreuse, concourent à créer une ambiance particulière, pas inintéressante.

L’autre grande réussite du film, ce sont ses acteurs. Ombrage (Imelda Staunton) justement est formidable en bonbonaille sadique et fascisante, la petite blondinette (Evanna Lynch) qui joue Luna Lovegood est vraiment parfaite. Et puis je craque toujours autant pour Gary Oldman, qui n’est jamais aussi sexy qu’avec barbichette et cheveux longs.

Malgré une fin un convenue (Oh ! C’est beau l’amitié !), Yates (un quasi-inconnu qui vient de la télé) a réussi un film inégal, mais efficace et intrigant. A suivre…