texte de Philippe Malone,
mise en scène de Fabrice Andrivon.
Acte III de la journée consacrée à l’écriture de Philippe Malone,
en la bonne ville de Marvejols, en le bon TMT.
Difficile défi que celui de monter ce texte : la pièce est magnifique mais d’apparence ardue et la production, fauchée. Le résultat n’en est que plus surprenant, voire héroïque. Je ne m’étendrai pas sur le texte que j’ai déjà commenté ici.
La mise en scène de Fabrice Andrivon est radicale dans sa forme. Quatre actrices face au public, chacune cantonnée dans une étroite bande de scène. Leurs mouvements sont limités, mais pourtant millimétrés. Une simple lampe qui pendouille suffit à délimiter deux espaces distincts maison / entreprise. On est pas dans l’explicatif ici, mais on est dans le signifiant, le réfléchi, le genre de mise en scène qui ne prend pas le spectateur pour un crétin. Audacieux aussi le choix des costumes : des bleus de travail pour les salariés, tailleur pantalon pour la cheffe d’entreprise. La caricature n’est pas loin, et pourtant, ces choix très affirmés font des personnages des symboles universels de ce fossé social entre dirigeants et travailleurs. C’est bien vu. Les projections vidéos sur le décor sont discrètes, mais toujours judicieuses : le compte jusqu’à 200 introductif et très lent hérisse quand on en comprend la signification, les scènes de grèves, l’éclosion sensuelle de ces fleurs colorées et ces vues poignantes d’usines en ruine, autant d’éléments hétéroclites qui réussissent à placer le spectateur dans une atmosphère puissante, sans pour autant perturber l’écoute du texte. Cette mise en scène sobre et pourtant indispensable réussit en effet à donner toute sa place au texte.
Les actrices semblent globalement avoir compris l’importance des mots et de sa mise en forme. Elles parviennent toutes les quatre à endosser leur rôle avec courage et à le faire vivre de belle manière. La mise en scène réussit le tour de force d’à la fois vraiment mettre en danger les actrices (jouer toute la pièce face au public, éclairages parfois un peu rudes pour l’ego, costumes rustiques, pétage de plomb impromptu…), mais de respecter chacune, de les mettre en valeur de manière équilibrée. Pour avoir vu deux représentations de suite, très différentes, c’est vrai qu’on sent l’ensemble encore un peu fragile, manque de moyens et de répétitions sans doute. Quelques bourdes de textes, de synchronisation entre les actrices, une deuxième partie qui a une petite tendance à manquer unchouia de rythme, une intrusion de la musique en live de temps en temps un peu maladroite… rien de fondamental, mais des petites choses qui devraient se régler au fil des représentations. Reste quel’Entretien tient toutes ses promesses.
On passe en 1h20 par toute un palette d’émotions fortes : indignation, colère, tristesse, incompréhension, joie, interrogation. La pièce touche, bouscule, malmène parfois, et c’est salvateur. Une grande réussite. Et j’espère une future grande tournée mondiale.
Ca c’est l’affiche, classe non ?
Mais qui donc a bien pu prendre cette belle photo ?
indice : pas moi, mais une fidèle lectrice de ce blog.
Tous les renseignements là. A noter qu’avant la probable tournée mondiale, il y a une tournée lozérienne. La pièce sera jouée à Florac le 7 février et à Mende le 22 avril.