de Philippe Malone.
Première pièce de théâtre commentée ici, et première pièce lue depuis très longtemps. Trois personnages, la chef d’entreprise, une salariée syndicaliste et la fille de cette dernière. La gamine n’a qu’une envie, rentrer dans l’entreprise, se fondre dans la masse de ceux qui travaillent plus pour gagner peu. Sa syndicaliste de mère refuse que, si jeune, sa fille pénètre le monde obscure et étouffant du monde du travail salarié. La chef d’entreprise, les dents longues et l’écume aux lèvres, dirige la machine à broyer d’une main de fer.
La forme de la pièce est très surprenante, les personnages ne sont jamais cités, mais repérables par les différences de typographie. Simple volonté d’innover, ou signification profonde, le processus fonctionne en tous cas très bien. Au-delà de la simple forme du discours surgit la vérité essentielle, l’incroyable difficulté d’exister, de trouver sa place dans l’univers. Le monde du travail est en cela exemplaire. La lutte entre la directrice et la syndicaliste devient, à force d’habitude, leur moyen privilégié de fonctionner, de se définir l’une par rapport à l’autre, et de se définir chacune par rapport au monde. Entre alors dans la ronde la fille. Au chômage, sans travail, elle n’est rien. Dans la société actuelle qui veut qu’on n’existe qu’à travers l’argent gagné, « je travaille donc je suis », elle n’aspire qu’à se fondre dans le moule.
La pièce va donc bien au-delà de la simple caricature du monde de l’entreprise, mais retrace l’évolution de la société des quelques dernières décennies, pour arriver à la jeune génération actuelle, génération perdue, gavée de télé, de consommation et privée de rêves de liberté et de création. Les dialogues sont remarquablement écrits, dans un style moderne et classique tout à la fois (votre mission si vous l’acceptez : retrouver les quelques alexandrins pris dans la masse…). Un bien beau texte, nécessaire et couillu, en nos jours sombres.
Couillu aussi, le gars qui osera monter ça sur une scène.
C’est bien , quand je passe du côté des Chronique Bouquins, je repart ave l’envie de courir à la librairie la plus proche.
Pour répondre à ta question j’ai aussi un blog qui s’appelle Esquisses et qui est peu montrable… Je me plante parfois en laissant son adresse au lieu de celle de Something, comme c’est le cas chez toi aujourd’hui. (Sauf que là ce n’est opas un plantage…)
Superbe critique,
Sais tu qu’il est photographe de formation? Jolie critique!
Passage à l’acte.
Still : ah mais il ne faut pas seulement avoir envie, il faut passer à l’acte ! Qu’on lise mes critiques j’adore, qu’on suive mes conseils, c’est encore mieux ! Merci pour la précision, tu as laissé effectivement cette adresse plusieurs fois ici
Stéphanie : merci Miss, pas sûre que ça te plaise, c’est un peu trop, …, enfin tu vois quoi ?
Philippe : c’est toi en fait ? Je savais oui, la photo de couverture est de lui, d’ailleurs, me semble. merci
peut-être qu’il faudra une femme pour le faire…)))
Femme ?
pedro : mouais je parierai pas dessus… ah mon avis, il faut un mâle pour éviter les querelles de basse-cour. M’enfin, faut voir !
Un peu trop quoi ? Un peu trop ressources humaines ? « Degauche » ?! J’oscille, j’oscille, de toute façon.
On the left hand…
Stéph : euh un peu trop « Degauche » peut-être ?