Chronique film : Fur : un portrait imaginaire de Diane Arbus

de Steven Shainberg

On comprend aisément le fascinant de l’histoire de Diane Arbus, grande photographe du XXème siècle. Née dans les années 20, Diane Arbus, issue d’une « bonne famille », se marie avec un photographe et devient son assistante dévouée. Peu à peu le vernis craque et Diane s’émancipe pour devenir photographe à part entière.

Portraitiste de l’étrange, des géants, aux nains, en passant par les siamoises, bref, toutes sortes de « freaks » (elle avait même le chic pour freakiser les non-freaks), son oeuvre dresse un tableau surprenant et vaguement inquiétant des Etats-Unis dans les années 60. Dépressive, elle se suicide en 1971.


Fur n’est pas un film biographique au sens propre du terme, mais le pari (osé), de reconstituer, à partir de l’univers artistique de Diane Arbus, le passage de la femme au foyer parfaite, à l’artiste émancipée assumant pleinement son attirance pour le hors-norme.

Là où le bât blesse, c’est dans l’interprétation chichiteuse et fadasse de Nicole Kidman : les yeux mentholés en permanence, le souffle bruyant d’émotion dans 95% des scènes, elle est en totale roue libre, et rend peu crédibles les pulsions, exhibitionnistes, sexuelles, masochistes, macabres de cette femme. C’est dommage, le scénario, assez malin, nous donne beaucoup d’éléments pour rentrer dans cet univers, malgré une surenchère d’étrangetés loin d’être nécessaire.

La photo, assez jolie parvient à créer une ambiance agréable à l’oeil, ce qui n’est pas déplaisant. Mais bon, il faut le dire, le film est quand même assez raté, pas assez sombre, un peu superficiel, un peu long… Reste qu’on ne s’ennuie pas, et qu’on en sort avec l’envie d’en connaître un peu plus sur cette étrange artiste. Un bon film du dimanche soir.. tiens, ça tombe bien, on est dimanche soir !

(A voir aussi par tous les compléxés de la pilosité)
(Et oui, messieurs, on la voit à poil)