d’Alessandro Baricco.
Cette histoire-là est sans doute le roman le plus accessible de Baricco. Alors qu’il me faut habituellement plusieurs tentatives pour réussir à pénétrer son univers, l’entrée est ici immédiate. Ou alors je m’habitue, sans doute. Ce nouveau roman, bien qu’un peu inégal, confirme que Baricco est un grand écrivain symphonique, capable d’appréhender le monde de manière holistique , d’en faire émerger les voix, parfois désaccordés, en un ensemble stupéfiant d’harmonie.
Il ne faut pas se fier à l’apparente simplicité du style, à sa quasi transparence. Les phrases au cordeau, d’une précision rythmique micrométrique, esquissent une partition complexe et polyphonique. Avec Ultimo, personnage central, on est plongé au coeur des fluides, des flux, des courbes, à la recherche d’une perfection futile et essentielle. Les trajectoires des personnages se croisent pour ne plus jamais se rejoindre, mais les liens demeurent intouchables. La grande luminosité du style ne masque cependant pas la dureté de certains passages, mais permet le jaillissement de ce qu’il y a de plus extraordinaire dans les choses, les faits et les êtres.
Cette amplitude, cette sublimation agace certains, je sais. Pourtant, c’est une manière de rendre la vie plus grande , plus belle, ou du moins, un peu plus supportable. La relative faiblesse de la troisième partie (le Mémorial), ne doit pas éclipser la grande beauté de la trajectoire d’Ultimo, son désir insensé de perfection, d’absolu. On devine derrière ce personnage, Baricco l’écrivain, chercheur infatigable des harmonies du monde.
J’ai lu « Soie », il y a peu. Une découverte.
(Il y a toujours le problème de la traduction… Rappelez-vous quand Kundera a découvert que ces romans (en traduction) étaient « baroques »…).
Merci de votre chronique, c’est assez rare.
Baricco.
Charles L. : Soie est très joli, tout comme Novecento… mais je préfère ses romans, les châteaux de la colère et Ocean mer, City aussi, plus dense, plus fourmilière, moins parfaits mais d’autant plus beaux. Je vous conseille. De rien pour la chronique, tout le plaisir est pour moi
De Baricco, jusqu’à présent j’ai tout aimé, pas encore lu celui-ci mais cela ne saurait tarder…