Chronique livre : L’Idiot

de Fedor Dostoïevski

« … car il est plus difficile de pardonner à ceux qui ne vous ont pas offensé, justement parce qu’ils n’ont aucun tort, et que, par conséquent, votre sentiment est dénué de fondement. »

Il y a des livres qui sont un peu trop forts pour moi, celui-ci en fait partie. Je pense être passée à peu près à 99% à côté de la subtilité de ce roman, qui doit nécessiter au bas mot 20 lectures pour en saisir l’essentiel de la substantifique moelle.

Le prince Mychkine revient en Russie, après un long séjour à l’étranger pour le guérir de son « idiotie ». D’une grande clairvoyance, et intelligence, il comprend toutes les subtilités des manigances qui l’entourent sans jamais accomplir la moindre entourloupe. Sincère et aimant, il ne ment jamais, et pardonne toutes les faiblesses humaines. Cette attitude droite sème le trouble dans la bourgeoisie russe, rodée à toutes les bassesses, calculs et mesquineries humaines. Sa droiture renvoie tous les caractères à leur propre petit comportement, sans pour autant les vacciner de leur roublardise.

Composé en grande partie de longs dialogues entre les très nombreux personnages (au moins 40, et tous bien dessinés), on est suspendu aux paroles des protagonistes, sans toujours comprendre vraiment ce qui les motive. C’est un roman plein de bruit et de fureur, hystérique, bourré de cris, d’arrachages de cheveux, de rebondissements incongrus, et pas toujours très clairs. Difficile (pour moi en tous cas), de rentrer complètement dans cette folie irrationnelle qui éclabousse de partout.

Au-delà de ça, l’Idiot est un roman magnifique, émaillé de pensées bouleversantes et pessimistes sur l’humanité. Le prince, héros malgré lui, pur, vertueux, se casse les dents sur ce monde perverti qui se sert de lui pour mieux le rejeter. Sa droiture lui attire quelques amitiés incomplètes, un amour impossible, et surtout beaucoup de haine et d’incompréhension. Il retombe dans la folie, incapable d’affronter une réalité trop difficile. Échappatoire ou capitulation face à l’ennemi ? Le constat est en tout cas amer, d’une société tellement pervertie qu’elle est incapable d’accepter le bien, de l’apprécier, le comprendre et de lui faire une place en son sein.

15 réflexions au sujet de « Chronique livre : L’Idiot »

  1. Enfin un livre que j’ai lu dans la chronique livre
    J’ai été impressionné par la densité psychologique du roman [en sentant (moi aussi) que je ne devais pas saisir toutes les subtilités]. Cela donne des scènes qui étreignent et des personnes comme on voudrait en connaître, ou pas.
    J’ai un avis différent par rapport au pessimisme du livre, que je n’ai pas ressenti. Mais à la fin, j’en étais toujours à réfléchir sur la raison du titre. N’est-ce pas finalement la naïveté extrême du prince Mychkine et son incapacité à se saisir de sa vie qui font de lui l’idiot?

  2. Il est des auteurs que je n’ose pas lire et Dostoïevski en fait parti, je crois que je suis restée avec mon esprit d’ado persuadée que je ne serai pas au niveau …
    Bises
    Adré

  3. Dosto.

    Alain : hum, j’avoue que je n’avais envie de connaître aucun de ces personnages, tellement ils sont tous, allons, on peut le dire : chiants, invivables, hystériques, fous … Sinon le titre, en même temps, tous les personnages traitent le prince d’idiot à longueur de livre, le titre était tout trouvé

    Lasiate : peut-être un tel génie existe t’il, mais ne le connaissons nous pas, ou pas encore

    Objectif-P : tant mieux ! Merci et bonne soirée.

    Gérard : ah va te falloir plus d’une journée, c’est une pavasse, bon courage

    Elaine : ah ben ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas tout que ce n’est pas formidable. On s’ennuie ferme quand on comprend tout

    Philippe : va falloir réparer ça en 2008

    Adré : ah ben faut dépasser ça Adré !!! tu es tout à fait capable de lire Dosto, mais c’est quoi ça ????? Allez, chiche ?

  4. Dire ce que l’on pense, sans frein, ni tabou, sans s’encombrer des conséquences. Prendre le visage du candide, la figure de l’innocent aux mains pures, à l’âme non pervertie. Je découvre votre site. J’en profite, il est encore temps, pour vous souhaiter bonheur et fous rires en cette nouvelle année.

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