Chronique film : Juno

de Jason Reitman.

Quelle sombre déception que ce film prétentieux et faussement décalé dont j’avais entendu beaucoup de bien. Avec Juno, on est clairement dans le film trompeusement indépendant, qui veut faire croire au spectateur qu’il regarde un truc audacieux et mal-poli, alors qu’il assène une morale rétrograde et malsaine.

Juno, 16 ans, est enceinte d’un athlète godiche de son bahut et essaie d’imiter le timbre de voix de Marianne Faithfull en balançant des répliques acerbes. Déjà, on y croit pas deux minutes, Ellen Page, en ado hyper mature (mais qui ignore qu’il faut mettre une capote pour baiser), est mauvaise à hurler, elle minaude à fond les ballons pour faire croire que voilà, elle a déjà tout compris de la vie, et que les autres sont vraiment des gros nazes. C’est assez navrant. Elle se décide à faire adopter son bébé par un couple mal assorti. La femme une caricature de la bourgeoise futile en manque d’enfants, hésite entre deux nuances de jaune absolument identiques (la seule scène vraiment drôle du film), et le mari compositeur, faussement muselé par sa femme, est totalement immature.

Distillant une image assez méprisante de l’humanité, sans beaucoup de tendresse, Juno glace par sa morale : gloire aux bourgeoises étriquées avec une belle maison et plein d’amour à donner, aux adolescentes réfléchies (haha, t’as quand même oublié de mettre une capote ma p’tite) et généreuses, et honte sur ces hommes à la recherche d’un peu de reconnaissance, immatures, égoïstes et incapables d’assumer les responsabilités de la paternité.

Don’t Juno ? sortez couverts bon dieu, ça nous évitera les daubes.

15 réflexions au sujet de « Chronique film : Juno »

  1. Oui, vas y, kill the movie !!
    Moi aussi, on m’avais promis tout un monde de ce Juno, alors que je le boudais, parce qu’en ayant vu la bande annonce je ne sentais pas cette histoire tenir debout jusqu’à la fin. D’autres avaient aussi fait le rapprochement avec Little Miss Sunshine pour me convaincre. Bref, je me suis ennuyé de ce film d’ados et pour ados, qui sort dans les salles à Pâques ou pendant les vacances de février pour les divertir.

  2. Bon j’vais faire des économies, j’ai bien aimé(c’est vieux déjà) ce film de l’anglais, mais si, the snaper ou un truc comme ça, une ado enceinte qui garde le mioche, bref ça j’aime et c’est pas morale du tout.

  3. Juno.

    Steph : ce qui m’a dérangé, c’est vraiment cette fausse liberté de ton. On dissimule une morale d’un autre temps, réac (ohhh il ne faut pas avorter, les foetus ont des ongles), sous un vernis de coolitude. Berk. Au moins, Little Miss Sunshine n’a pour argument que de faire rire et sourire ! Merci en tous cas, me sens moins seule

    Gols : j’ai l’antériorité quand même hein ? (bon après Paulette Godard, Camille, PJH…). Pour la bague, fait simple.

    Didier : très bon exemple, The Snapper, autrement plus libéré et mal poli que ce film, bien joué !

    Djiwom : suis sûre que tu trouveras mieux à aller voir !

  4. Tout à fait d’accord Anne. Et, … Je me sens moins seule aussi !

    Gols : J’ai tout d’un coup envie de me mettre à faire des critiques de film. Va savoir pourquoi ?!
    Ceremonie dans une église de village à la campagne ou en saut en parachute ?

  5. Demande non officielle

    Je ne peux ni épouser Anne, ni Stéphanie et je finirais dans la black liste de Gols tant pis, je me lance : Bien que ce film ne me laissera pas un souvenir impérissable, je serais moins intransigeant et ne traiterais pas ce film de daube. Jason est encore un jeune réalisateur, 2e long métrage, il se cherche encore, moi je l’aime bien même si papa y est pour beaucoup. Bizarrement, Thank You for Smoking me parait plus abouti ! le roman de la société Big Tobacco m’a plus amusé… Anne, par contre, OK avec toi, sortez couverts ! même avec ma quarantaine passée, il y en toujours un dans mon sac
    Bon, le succès de Juno vient aussi de son oscarisation et de ses diverses récompenses. Le passif underground de Diablo Cody y est surement pour quelque chose… ouuuh la vilaine féministe… Bah, allez, lâche-toi Jason, tu es LARGEMENT rentré dans tes frais…NEXT avec Jim Carrey, MMM, faut voir… ça sent encore la grosse machine tout ça…

  6. Moi j’ai rien dans mon sac(pas comme Phil), dernièrement j’ai eu deux propositions(de sortir couvert) bah passé largement les 40, on se sent moins d’attaque pour un soir, et de devenir par hasard papa.

  7. Phil pour Didier

    Didier, serais-tu un grand séducteur ? Rien dans ton sac ? Remarque, tu peux avoir l’esprit tranquille si tu tombes sur une Fan de Juno, le bambin ira direct chez une bourgeoise ouups ! excuse me Anne, mais Didier n’a pas de mail, comment faire autrement ?

  8. BOUHHHH!!

    Pas du tout d’accord.
    J’ai beaucoup aimé ce film!
    Par contre je trouve ta critique (dans sa violence)rudement conformiste (un conformisme de gauche certes, pour ne pas dire réac de gauche). Le sujet du film n’est pas l’avortement mais la grossesse d’une jeune fille de 16 ans et c’est en cela que le ton est particulièrement juste.
    On en recausera lorsque tu seras calmée
    (même chose pour stéphanie, gols et shang!)

  9. Juno2.

    Steph : attention à tes fesses toi

    Philippe : merci pour l’info sur la scénariste. Je reste parfaitement perplexe sur son féminisme compte-tenu du film, franchement, je ne vois pas. Allez allez, j’irai p’tet voir le prochain, mais après j’arrête

    Didier : ça coûte rien d’avoir une capote dans son porte-feuille, allez. Et puis y’a pas d’âge pour… enfin tu sais quoi ?

    Philippe : pas de problem, on est là pour causer !

    Le libraire : absolument, je suis une réac de gauche conformiste (j’ajouterais même dangereuse, on sait jamais, ça fait pas de mal de la dire), ceci dit, je suis très calme, et c’est très calmement que j’ai écrit la critique, y’a un témoin. On parle du film maintenant ? Bon. Le sujet n’est pas l’avortement, certes, mais ce n’est pas vraiment non plus l’histoire d’une grossesse, ou alors toute sucrée et enrobée de miel. Je ne suis pas certaine que les ados de 15-16 ans qui ont « choisi » (parce qu’à cette âge là, je ne suis pas sûre qu’on choisisse vraiment) d’avoir un bébé, vivent la grossesse de cette manière là. Si la grossesse chez les ados est le sujet du film, je trouve qu’il est complétement passé à côté de son sujet, et manque grandement de profondeur sociale, psychologique, pour privilégier les bons mots et la « gouaille » de son héroïne. Mais ce n’est que l’avis conformiste d’une réac de gauche. Je m’incline modestement contre la force verte.

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