Chronique film : Le premier venu

de Jacques Doillon.

En préambule, un petit coup de gueule (mince, on va encore me taxer de violente dans mes propos), il faut vraiment que Doillon change de preneur de son. Le film, très dialogué, est doté d’un son catastrophique, qui m’a fait manquer un bon quart des dialogues. Ma critique sera donc encore plus subjective que d’habitude, puisque j’ai loupé probablement des éléments clés de l’histoire.

Bref. Camille (bourgeoise disent les critiques, moi, j’en sais rien), poursuit Costa, genre petite frappe zonard. Elle dit qu’il l’a violée, il dit qu’elle l’a chauffé. Il a une ex-femme forte-tête, une gamine qu’il n’a pas vu depuis 3 ans, et un pote devenu flic, et amant de son ex. D’elle, on ne sait rien, à part qu’elle le suit, entre reproches et cajoleries.

Le premier venu fait partie de ces films exigeants, austères, profonds qu’on aimerait défendre bec et ongles. Il m’a malheureusement laissé sur le carreau. Je me suis sentie étrangère à cette histoire. Il y a pourtant de bonnes choses dans ce film. Les acteurs d’abord, tous très bien : Clémentine Beaugrand porte bien son énigme, et Gérald Thomassin est impressionnant en bombinette prête à exploser. Doillon les filme avec beaucoup d’amour dans l’oeil de sa caméra. Une jolie trouvaille aussi que cette sonate de Debussy qui ponctue de manière taquine les séquences du film. Il y a du plaisir là-dedans , c’est certain.

Et pourtant, ça ne fonctionne pas, ou rarement. La faute à cette héroïne insaisissable et incompréhensible qui n’est jamais crédible. On ne croit pas un instant à son attirance pour Costa, frivolité de petite bourgeoise ? syndrome de Stockholm ? gentillesse ? perversité ? aucune hypothèse ne tient bien longtemps. Ses réactions n’ont ni queue ni tête, que cherche t’elle cette fille ? Vous allez me dire que c’est ça qui est intéressant, ce mystère, cette ambiguïté. Mais à trop en rajouter dans la virevolte, dans la subtilité et la complexité psychologique, on reste au bord de la route. En ce sens, le final « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes », après une prise d’otage relativement violente, me laisse totalement perplexe. Impossible de s’identifier à ce personnage féminin opaque, à ce monde psychologiquement instable, à cette errance sans suite de sentiments disjoints.

Reste un Gérald Thomassin, bloc de souffrances au bord du gouffre, qui donne le vertige.

10 réflexions au sujet de « Chronique film : Le premier venu »

  1. Dominique Laffin, très juste, Didier. Ca fait un bail, sa carrière fut météoritique, hélas. Mais elle n’a fait qu’un film avec Doillon, il me semble? (La femme qui pleure). Dominique Laffin, actrice sensible, qui a commis aussi Clémentine Autain… On ne peut pas être parfait partout.

    Anne, tu devrais économiser tes sous, tous ces films qui ne te plaisent pas, pffiou !

    Laetirature, ce ne sont pas des navets, ce sont des films que la maîtresse des céans n’a pas appréciés, nuance !

  2. Doillon.

    Didier : Je vais faire une petite recherche google, je ne connais point. Merci

    Piia : je fus lyonnaise pendant 3 ans, et j’ai de gros regrets de cette ville que j’adore, également pour son côté photogénique. Dijon est plus… et moins… bref, très jolie, mais pas avec d’aussi belles vues ! Pas vu ce film, il est dans ma liste des « peut-être ». Je note.

    Phaeton : ben y’a eu La Zona, The dead girl, Be Kind Rewind, There will be blood quand même, y’a pas si longtemps, non ? Vous êtes dure avec moi là, on dirait que j’aime rien !

    Laetirature : ah non non non, c’est pas un navet du tout, j’ai seulement passé le film à côté et pas dedans. Ceci dit, il faut voir Doillon, en plus, ça te plairait je pense !

    Richard G. : absolument, ce sont des films auxquels je n’ai pas accroché (quoi que Juno, quand même, pfff). Je viens de refaire le passage, grosso modo, j’ai vraiment aimé un film sur 2, je ne trouve ça pas si mal. Je continuerai à dépenser mes sous au cinéma. Et puis pas de regret d’avoir vu Doillon, au contraire. Je serai sans doute plus mûre pour la deuxième vision.

  3. J’avais pas lu la zona, ni the dead girl, se la dis je ne voulais pas insinuer que tu n’aimais rien mais plutot que tu étais tombée sur une mauvaise série, ça arrive parfois lol

  4. Premier venu.

    Gols : … je viens de voir sa photo, je comprends tout …

    Phaeton : pas si mauvaise, pas si mauvaise… et puis si je ne les avais pas vus, j’aurais eu des regrets, alors !

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