de Erwin Wagenhofer.
Le réalisateur de We feed the world (que du coup j’aimerais bien voir) suit dans Let’s make money les circuits financiers mondiaux : depuis la constitution de sa retraite complémentaire jusqu’aux paradis fiscaux, la banque mondiale et les investissements immobiliers en Espagne. Soyons honnête, on apprend finalement pas grand chose dans ce film qu’on ne savait déjà : le système est fait de telle manière que les riches font tout pour devenir plus riches, et ça, en ponctionnant les richesses des pays émergents et de leurs populations. En même temps, je n’ai jamais compris le principe de la bourse, donc j’ai bien dû passer à côté d’un million de truc dans ce film.
Par contre, là où Erwin Wagenhofer réussit vraiment son film, c’est sur l’aspect visuel. On sent chaque plan signifiant et chaque image nous apporte une information, sans pour autant nécessiter des milliards d’explications de texte et de lourds commentaires. Wagenhofer fait confiance au spectateur pour comprendre la situation à travers l’image, et c’est assez beau de voir comment il fait. Contrairement à beaucoup de documentaristes « à thèse », il apporte un soin très particulier à son image, qui est dans le même temps assez belle, et très effrayante (ces plans de l’Inde foudroyants de dureté, l’approche graduelle des villes nouvelles d’investissement en Espagne, ces plans sur le dôme du Reichstag, et à ses occupants marchant au pas, minuscules comme des fourmis).
On ressort de la séance forcément sonnés, conscients de faire partie du système, sans pour autant savoir comment faire pour faire le moins de dégâts possibles. On a beau savoir, pas toujours simple de se faire enfoncer le museau dans la merde.