de Stéphane Legrand
Voilà un des livres les plus grinçants qu’il soit, du genre à ne pas lire dans le train au retour des fêtes de fin d’année sous peine de recevoir des coups d’oeil mi-meurtriers mi-envieux des passagers de tout un wagon (c’est du vécu).
Notre narrateur nous explique par A+B pourquoi il faut éradiquer la famille, ayant par ailleurs joyeusement éradiqué la sienne. Alternant des chapitres « essai » et des chapitres « récit », Plaidoyer pour l’éradication des familles fait mal.
Dans la partie « essai », le narrateur déconstruit l’idée de la famille, bâtissant progressivement une argumentation socio-philosophique amenant à reconsidérer les fondements même de la société. N’ayant pas véritablement de culture en sociologie ou philosophie, et Stéphane Legrand étant un petit malin fort talentueux et intelligent, bien difficile en effet de se prononcer sur la pertinence des démonstrations de l’auteur. Il utilise un jargon obscure dont on ne sait vraiment s’il camoufle une pensée lumineuse ou un foutage de gueule total. Quoi qu’il en soit, c’est profondément méchant, brillamment lucide, parfaitement vénéneux, et surtout très drôle.
Malheureusement, la partie « récit » vient un peu affadir l’extrémisme de la partie essai. Dans ces chapitres en effet, on comprend que l’auteur des réflexions dont j’ai parlé précédemment, est un fou, enfermé dans un asile, et qui n’a qu’un but dans la vie s’échapper de sa prison pour mettre à exécution ses préceptes. C’est là que le bât blesse. Si toutes les réflexions sur la nécessité d’éradiquer la famille sont proférées par un aliéné, évidemment, on ne peut leur accorder que peu de crédit (à part être fou soi-même, ce qui ne serait pas une grande découverte). On a l’impression que Stéphane Legrand se planque derrière son personnage pour ne pas avoir à assumer toute la déviance de sa pensée.
Le volet « asile » semble par conséquent assez facultatif, il n’ajoute pas grand chose à l’intérêt de ce livre, absolument imprescriptible, et donc totalement essentiel.
Ed. Inculte Fiction
Une réflexion sur « Chronique livre : Plaidoyer pour l’éradication des familles »