Chronique film : Hitchcock

de Sacha Gervasi.

Parfois on a envie de voir un film du dimanche soir le mercredi soir. Hitchcock remplit parfaitement ce maigre cahier des charges. Soit un père Alfred, en manque d’inspiration après l’explosion La mort aux trousses. Le voilà donc qui se lance dans le projet Psycho, envers et contre tous sauf Alma, sa chère et tendre, et surtout indispensable épouse. Le projet est difficile, personne n’en veut, il est obligé d’hypothéquer sa maison.

hitchcockHitchcock est globalement un beau gâchis. Beau gâchis parce que le scénario n’est pas si mauvais que ça, il y a même des choses plutôt malignes. Ramassé sur la durée du tournage et de la sortie de Psycho, le film concentre ainsi bon nombre d’ingrédients, enjeux, particularités du maître, à la fois personnellement et professionnellement. En plus des rapports de force entre Alfred et Alma, basés sur une jalousie soigneusement entretenue (Hitch et sa fascination pour les blondes, Alma et son attirance pour un romancier) et une symbiose professionnelle évidente, le scénariste fait du maître un être hanté par le personnage ayant inspiré le personnage de Norman Bates. Ce “fantôme” entretient ses terreurs et paranoïas, le faisant glisser progressivement sur une pente savonneuse. On sourit parfois, le film est plutôt agréable, mais sans folie non plus.

Malheureusement, pour le reste des postes, c’est plutôt la débâcle. La mise en scène est d’une platitude extrême, et malgré quelques petits trucs de montage qui insufflent un peu d’énergie (la découverte de la scène de la douche lors de la première du film par les spectateurs), on s’ennuie ferme. Le deuxième gros problème, c’est que les acteurs s’ennuient également beaucoup. Personne n’y croit dans cette histoire, et surtout pas Anthony Hopkins, vraiment très mauvais, englué dans sa diction hitchcockienne et son gros ventre en plastique. Mais le reste de la distribution n’est pas non plus en reste : Helen Mirren, magnifique dans The Queen, manque visiblement d’un modèle à imiter, Jessica Biel est atterrante. Seule Scarlett Johansson s’en sort un peu mieux, mais trop “Scarlett Johansson” pour qu’on y croit vraiment.

Scolaire, un peu engoncé, manquant de fantaisie dans sa mise en scène et surtout d’une interprétation correct, le film n’a pas grand chose pour plaire. Eh bien, figurez-vous, malgré tout ça, il possède, sans vraiment l’avoir fait exprès, un certain charme. Va comprendre, Alfred.

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