de Martti Linna.
Parfois un bon petit polar venu du Nord, ça ne peut pas faire de mal se dit-on. Et puis la couverture (superbe) de celui-ci nous fait déjà voyager dans les forêts boréales finlandaises, parsemées de lacs glaciaires. On sent déjà l’odeur du pin et le froid qui nous brûlent les narines. Le mystère, la violence qui émergent dans cet écrin sauvage et inhospitalier, on devine un inspecteur mutique et tourmenté par ses propres démons en train d’essayer d’achever ceux des autres.
Mais en fait non.
Pas du tout même.
Alors visiblement, je vous déconseille fortement d’avoir un pépin en Finlande qui nécessiterait de faire appel à la police, parce que vous ne seriez pas hyper certains de voir votre problème résolu par des agents motivés. L’inspecteur en charge de l’enquête (une histoire de tentatives de meurtres sur la personne d’un constructeur de maisons en bois) fait preuve d’un manque d’entrain tout à fait remarquable à aller creuser les pourtant nombreuses pistes qui s’offrent à lui.
Fossé culturel entre moi et la Finlande ou difficultés de traduction insurmontables, les raisons pour lesquelles cette histoire m’a laissée de bois sont sûrement nombreuses. Je n’ai pas compris grand chose à l’humour distancié de cet inspecteur qui passe beaucoup plus de temps à porter un jugement sur son entourage professionnel et personnel qu’à essayer de résoudre l’enquête. En fait, j’ai compris que c’était censé être drôle à peu près à la moitié du bouquin. Vous dire. On appréciera particulièrement la comparaison fréquemment répétée entre les personnages féminins et des races de chevaux finlandaises. Classe et délicatesse sont au rendez-vous chez cet inspecteur dont on peine à comprendre la ligne directrice et à discerner l’humanité.
Et pourtant, quel dommage. Parce qu’il y avait du potentiel dans cette histoire et ce décor. Quelle bonne idée, par exemple, ce village de maisons témoin en bois, perdu dans la forêt, rêve finlandais par excellence, solide, démontable et durable, solution à tous les problèmes de couple, à tous les problèmes tout court. Le village et les hommes qui lui donnent vie suivent des règles strictes de normes de qualité, étourdissantes de minutie et effrayantes de conséquences. Mais c’était sans compter sur le copeau qui s’échappe, la cheville plantée avec violence au mauvais endroit et au mauvais moment.
Il y a plein de bonnes idées dans ce livre, quelques personnages intéressants, mais le tout reste assez décousu et tout de même maladroitement écrit (traduit ? ça n’a pas l’air très évident à digérer le finnois). Culturellement et sociologiquement, c’est tout de même assez intéressant cette plongée dans la Finlande profonde. Mais, pas le même humour ou des attentes initiales trop éloignées du contenu du roman, je suis tout de même restée sur ma faim, en rêvant qu’on implante par exemple un Wallander-Branagh dans ce décor de maisons de rêve, dévoré par ses regrets et ses fantômes, impuissant face à la vengeance de l’opprimé. Oui, ça ça ferait un beau film.
Ed. Gaïa (polar)
Trad. Paula Nabais et Christian Nabais