Chronique livre : Molloy

Molloy
de Samuel Beckett

L’avantage, quand on a des amis à la culture pléthorique et protéiforme, c’est que leurs conseils vous emmènent parfois très loin de vos sentiers rebattus, et vous retournent les neurones comme une omelette. Molloy est un objet volontiers nettement indéfinissable, qui plonge le lecteur dans des gouffres de perplexité, au paroxysme de l’exaspération, et aux confins du génie pur.

La structure très mathématique, deux parties d’égales importance qui fonctionnent en miroirs, s’oppose au foutoir des pensées qui s’entrechoquent dans la tête des deux (?) protagonistes. Molloy, clodo impotent, à la quasi imperméabilité au monde extérieur, se désagrège physiquement en voulant rejoindre sa mère. Moran, détective aux méthodes peu académiques, part aux trousses de Molloy, qu’il (ne) retrouvera (pas).

Si la trame est limpide, le propos reste une énigme. Enfouis dans les têtes de Moran, et Molloy, Beckett nous balade allègrement, affirmant la toute-puissance éternelle de l’écrivain. Le lecteur est manipulé comme un fétu de foin dans cette réflexion sur le monde, sur les rapports au monde extérieur, sur la quête de l’autre et finalement sur la quête de soi.

L’haleine courte, on dévore le texte compact, écrit en police 8 (merci les éditeurs, c’est bien joli de vouloir économiser le papier mais y’a des limites), nimbé de mystère et d’interrogations. A lire, sans modération.

7 réflexions au sujet de « Chronique livre : Molloy »

  1. Ne connaissant Beckett que pour son oeuvre « en attendant Godot », votre article me donnerait presque l’envie de quitter le style roman historique pour réviser mes classiques.

    J’ai largement souri à la lecture de ces mots que je trouve savoureux, je cite : « vous retournent les neurones comme une omelette ».

  2. Ce n’est pas moi qui le dit, mais l’auteur:
    « Car en moi il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu’à rester où il se trouve, et celui qui s’imagine qu’il serait un peu moins mal plus loin. »
    Bises

  3. Savoureux ?

    Florian : merci de trouver mes mots savoureux, en espérant qu’ils soient une modeste passerelle entre vous et ce grand auteur

    Olico : toi de même

    Aline : pas mal hein ? pas grand chose à ajouter ! Merci

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