de Leos Carax.
Après un prologue magnifique (ah oui, vraiment) mais un peu obscure, dans lequel Leos Carax se met en scène, nous assistons à une journée dans la vie de M. Oscar. M. Oscar monte dans une grande limousine tout droit sortie de Cosmopolis, conduite par la magnifique et impériale Edith Scob. M. Oscar effectue des missions, acteur, intérimaire de luxe, on ne sait pas trop, mais dans la loge que constitue l’habitacle de sa limousine, il se grime, se prépare à jouer de multiples personnages aussi divers qu’une vieille mendiante, un ponte de la finance, un papa ambigu, une petite frappe, comédien de motion capture…
Le film est donc constitué d’une succession de scènes, une pour chaque rendez-vous, liées entre elles par les voyages en limousine amenant M. Oscar à son prochain arrêt. Difficile de parler de ce film, puisque l’expérience est essentiellement visuelle, et si le film raconte beaucoup de choses, on a surtout envie de garder ses images, magnifiquement belles ou choquantes, dans la tête.
Holy Motors est à la fois un hommage au cinéma, ce qui est très beau, et l’ange annonciateur de la mort du cinéma, ce qui ne m’a pas totalement convaincu. Chaque rendez-vous donne lieu à une scène “de genre” : drame psychologique, polar, comédie musicale, mélo, tout y passe. Visuellement, c’est passionnant, et le côté “boîte de chocolats, on ne sait pas sur lequel on va tomber” est particulièrement réjouissant. Il y a quelque chose de ludique dans cette démarche, mise en place comme hommage absolu au cinéma, sous toutes ses formes, dans tout son éclectisme.
Difficile de dégager une scène en particulier, elles sont toutes intéressantes, certaines vraiment très émouvantes (la mort de l’oncle, la Samaritaine), d’autres perturbantes (la papa et sa fille, le cimetière), ou drôles et fascinantes (la motion-capture, la famille)… Les trajets en limousine, à la fois loge et tombeau, sont l’occasion pour M. Oscar de tomber le masque.
Et notre héros est fatigué, il semble manquer d’entrain, il semble avoir perdu son “holy motor”, ce qui le meut, ce qui le fait avancer. Pourquoi ? C’est là que le film m’a le moins convaincu. M. Oscar semble regretter les évolutions technologiques, dans lesquels il voit la mort du cinéma. L’épilogue a un arrière -goût de passéisme âcre. Un comble quand on sait que le film a été tourné… en numérique, car moins cher. A croire que les évolutions technologiques peuvent tout de même parfois avoir du bon.
Pour finir, on peut aussi souligner la qualité de la bande-son, navigant entre Chostakovich et le trop rare Gérard Manset. Objet cinématographique étrange et perturbant, Holy Motors est sans aucun doute un des films de l’année. Pas vraiment le même style que Le Grand Soir par exemple, mais qu’on aime ou qu’on n’aime pas, voilà deux films devant lesquels on se dit, voilà, c’est ça, ça c’est du Cinéma.
PS : 501ème chronique Cinéma/Livres/Théâtre confondus… et je n’ai pas encore réussi à saouler tout le monde… mais presque. Merci à ceux qui restent !
Une réflexion sur « Chronique film : Holy Motors »