de Matthew Gordon.
Après le bourbeux Faust de Sokourov, Summertime est une véritable bouffée d’oxygène. Modeste film, Summertime (The Dynamiter en V.O. no comment) séduit par sa simplicité, son évidence. Matthew Gordon nous raconte l’été des 14 ans de Robbie, un adolescent vivant avec son jeune demi-frère et sa canonique grand-mère. La mère est partie, le frère aîné, ancienne star du foot, ne revient que quand il se fait expulser de chez lui. Robbie, malgré ses 14 ans, et sa tendance au vol, prend cahin caha en charge tout ce petit monde.
Rien de tapageur dans ce très joli film, qui a rendu liquide tous les spectateurs de la salle. Matthew Gordon filme ses personnages avec beaucoup d’attention, à hauteur d’adolescent. Il a situé son récit dans le Mississippi, un des états les plus déshérités des Etats-Unis. Dans la famille, il n’y a d’ailleurs pas un sou. Robbie pique un peu, ici ou là, pas méchamment, juste pour faire plaisir à son frère. Il se fait prendre à chaque fois. Mais pourtant Summertime n’a rien d’un film social, Mathew Gordon a juste envie de nous raconter son histoire. Le proviseur, après avoir surpris Robbie en train de piquer lui propose un marché : une dissertation à rédiger pendant les vacances contre son silence. Ce beau geste, le premier d’un petite série, permet à Robbie de mûrir, prendre ses responsabilités.
La caméra est pleine d’attention pour ses personnages, collée aux basques de Robbie, attentive au moindre frémissement, des émotions et des corps. Des corps comme partie intégrante de la nature moite et lumineuse du Mississippi. Matthew Gordon réussit tout ça mine de rien, en douceur mais sans angélisme ni afféterie superflue. Robbie prendra des décisions douloureuses, courageuses qui feront de lui un homme, et le spectateur lui prendra son mouchoir, pas parce que c’est triste, mais juste parce que c’est beau.
Une réflexion sur « Chronique film : Summertime »