de Patrick Autréaux.
– Il y a plusieurs nudités. Dans des bras, sur un lit ou un brancard. Des nudités nues et certaines très habillées. Qu’importe celle que tu choisis. C’est là qu’est ta nouvelle prose. Aussi simple que ce que tu viens de faire. Aussi difficile et aussi simple que ça.
Voilà un livre singulier et inclassifiable comme savent si bien le faire les éditions Verdier. Au frontières de l’autobiographie, de la poésie et du roman, Patrick Autréaux raconte de quelle manière la maladie l’a transformé, ou plutôt a révélé en lui l’écrivain.
Si le livre revient de manière bouleversante sur les débuts de la maladie et sa prise en charge clinique par le corps médical, le lecteur a pourtant bien l’impression que l’essentiel du livre tient dans ses dernières pages. Il semble question ici, non pas tant de clore un chapitre, même si l’auteur s’acquitte ici d’une dette morale envers un ami écrivain vietnamien, mais plutôt d’acter d’une renaissance, de se réapproprier sa vie. Cette réappropriation passe notamment par le fait de réussir à réinvestir son corps, un corps malmené par les procédures médicales, instrumentalisé, chosifié par la maladie. Pour Patrick Autréaux, le renaissance de son corps, son réinvestissement se fait d’une manière non pas cruelle, mais belle et douloureuse, comme lorsqu’on retrouve quelque chose perdu depuis longtemps et qui manquait, sans doute pas de manière consciente, mais pourtant fondamentale.
Ce qui est très beau également dans ces dernières pages, c’est que cette renaissance qui passe par une nouvelle occupation du corps s’accompagne par la naissance de l’écriture, ou plutôt le jaillissement d’une écriture nouvelle, d’une nouvelle langue. L’auteur affirme ainsi les liens indéfectibles entre les mots et le corps et l’impact que peuvent avoir les bouleversements physiques sur l’écriture et réciproquement. Un livre atypique qui touche et bouscule, du 100% Verdier donc.
Ed. Verdier
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