Chronique film : Promised land

de Gus Van Sant.

promisedlandVoilà le type même de films pour lesquels je me retrouve assez sèche quand il s’agit d’en parler : Promised Land est l’exemple parfait du film qui n’a rien à se reprocher.

Steve et Sue, représentants commerciaux d’une firme d’exploitation des gaz de schistes, arrivent dans une petite bourgade rurale et pauvre du fin fond de la cambrousse des Etats-Unis. Continuer la lecture de Chronique film : Promised land

Chronique film : Restless

de Gus Van Sant.

Un adolescent perturbé, en rupture scolaire, qui tombe amoureux d’une adolescente mourante. Voilà une histoire qui sous la caméra de n’importe quel tâcheron pourrait devenir une infâme mélo larmoyant (façon Love story par exemple, vous voyez ?). Sous la caméra de Gus Van Sant, cette histoire sombre, déchirée et romantique à mort devient une petite miniature lumineuse, apaisée et joyeuse.

Soit Enoch (Henry Hopper, fils de, et digne de) donc. Enoch a perdu ses parents et passé trois mois dans le coma. Ces funérailles auxquelles il n’a pas pu assisté, c’est aussi un deuil qu’il n’a pas réussi à faire. Il hante les cérémonies funèbres d’inconnus. C’est au cours d’un de ces squattages morbides qu’il rencontre la frêle Annabel, fanatique de biologie et surtout d’ornithologie, et mourante. Entre les deux adolescents, maladroits et attendrissants petits pioupious, c’est une évidence : ils se rencontrent, ils apprennent à se connaître, ils s’aiment. C’est simple, solaire, doux, mignon comme tout. Mais éphémère. Annabel va mourir du cancer, et ce décès, Enoch l’accepte, du moins apprend à l’accepter, grâce à l’intelligence et la ténacité d’Annabel.

Ce qui est merveilleux dans Restless, c’est la manière dont Gus Van Sant réussit à centrer son récit sur ses deux héros, sur ses sujets (l’acceptation de la mort, l’amour, l’adolescence). Rien ne vient perturber l’attention du spectateur, entièrement centrée sur l’histoire. Cette compacité permet au film d’être d’une très grande cohérence, tout s’imbrique, tout fonctionne ensemble, tout est pensé, rien n’est inutile. Il y a quelque chose de la rigueur de Gerry, mais sans l’austérité. Au contraire, le film est fantaisiste, inattendu. On a vraiment l’impression que Restless est une miniature, parfaite, délicate, mais sans mièvrerie aucune.

Gus Van Sant a une façon de filmer l’adolescence, à fleur de peau au sens propre, de manière ultra-sensible. Tout passe par les regards, les infimes mimiques de ses deux merveilleux personnages. Adolescents, plus tout à fait enfants, pas encore tout à fait adultes. Ils jouent comme des gosses à se déguiser, et se composent des personnages hors du temps, hors mode. Et forcément on adore ces gamins, pas encore tout à fait poussé, mais déjà bien amochés : l’une sait qu’elle ne deviendra jamais adulte, et essaie de profiter avec grâce des quelques mois qui lui restent, l’autre doit accepter la mort de ses parents et de sa petite amie pour devenir adulte.

C’est beau, c’est déchirant, c’est intemporel et très très classe.

Chronique film : Harvey Milk

de Gus Van Sant.


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Harvey Milk est indéniablement un beau film. Acteurs au-delà de tous reproches (mention spéciale et aussi esthétique pour James Franco), construction intelligente, histoire vraie politiquement et émotionnellement forte, reconstitution ultra-précise, photographie à l’avenant, bande-son très justement dosée, mise en scène classique et classieuse. Le film est irréprochable, et hautement recommandable.

Mais le souci, c’est qu’il est signé Van Sant, et que du coup, irréprochable, c’est insuffisant, et qu’on reste vraiment sur sa faim. Autant le classicisme lui réussissait très bien dans Will Hunting et A la rencontre de Forrester, autant là, il tombe un peu à plat, et n’arrive pas à nous embarquer dans cette histoire qui pourtant lui tient indéniablement à coeur. On aurait aimé plus d’audace dans cette belle et très respectueuse biographie, mais qui semble arriver des années trop tard.

Allez allez, Harvey Milk est un beau film. Et on attend le suivant avec beaucoup d’impatience.

Chronique film : Paris je t’aime

18 Courts-Métrages de plein de gens bien.

Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas de bonne humeur. Plusieurs raisons à ça.

Outre des raisons personno-personnelles, je fais une overdose de foot, j’en ai ras le bol de voir des milliardaires courir après un ballon, alors que les trois-quarts des millions de spectateurs qui se shootent au ballon rond ont du mal à boucler leurs fins de mois. J’en ai ras le bol, de voir des silhouettes aux yeux exorbités, avec des drapeaux français peints sur la gueule. Et pourtant, je n’ai rien contre le sport, rien contre les ballons (Allez le staaaade !), mais là vraiment, j’en ai marre.

Mais la raison essentielle, vitale, universelle pour laquelle je suis de mauvais poil, c’est que je me suis ennuyée au cinéma. Pas gentiment ennuyée, non vraiment ennuyée. C’est avec plein de bonnes intentions, et d’étoiles dans les yeux que je suis allée voir Paris Je t’Aime, film au concept original, puisque composé de 18 (ouh lala quand j’y repense, 18, putain, c’est long) courts-métrages de metteurs en scène d’origines géographiques et intellectuelles totalement différentes, bourré de stars et de pas stars, bref alléchant. Ca commence doucement, avec un petit Podalydès, poli, mignon, anodin quoi. Puis un jeune garçon tombe amoureux d’une fille voilée, voila, bon bon, c’est bien (pensant). Ensuite, avec le Gus Van Sant, on se dit qu’on tombe assez bas, donc qu’après, ça ne peut qu’être mieux (Gaspard Ulliel, essaies pas de te la jouer grunge, tu ressembles autant à Kurt Cobain, que moi à PJ Harvey). Heureusement, ce bas très bas est suivi par un haut très haut, un petit bijou de 5 min des Frères Coen, délirant, acide, décalé, qui égratigne bien profond, sans en avoir l’air, cette France toute entière tournée vers son passé culturel, sa pseudo culture de l’accueil, et sa réputation de pays de l’amûûûr (au fait Steve Buscemi que la force soit avec toi). On se dit que là, ça risque d’être dur de faire mieux, mais on a tort. Walter Salles et Daniela Thomas nous pondent un petit chef-d’œuvre de concision, une banlieusarde venant tout droit d’Amérique du Sud, se lève très tôt pour déposer son enfant dans une crèche déshumanisée, se tape des heures de transport en commun, pour aller faire la baby-sitter dans le 16ème, magnifique, vibrant, cruel. Malheureusement la suite est beaucoup moins convaincante. Je ne vais pas tous vous les passer, j’en ai déjà oublié la moitié. Je mets quand même une petite dédicace au court de Sylvain Chomet, petit ovni émouvant et finalement grinçant, sur la solitude des gens pas comme tout le monde. Allez pour être fair-play, je sortirais du marasme le court d’Isabel Coixet, pour Castellitto, et celui de Tom Tykwer, pour Natalie Portman.

Paris je t’aime ? Pas moi… une certaine envie d’aller élever des chèvres dans le Larzac ce soir.