Chronique livre : Apprendre à finir

de Laurent Mauvignier.

Deuxième roman de Laurent Mauvignier après le magnifique Loin d’Eux, Apprendre à finir constitue une “suite” logique et superbement tenue.

Sur le principe du monologue intérieur, Laurent Mauvignier se glisse dans la peau d’une femme. Une femme qui apprend “à finir”, à faire le deuil de sa relation avec son mari. Le couple se déchirait quand l’homme a eu un grave accident. Un homme qui avait une maîtresse, et une femme dont l’impuissance se muait en désespoir, et en violence. Mais l’accident a tout changé. Il doit réapprendre à marcher, à vivre. Il est complètement dépendant d’elle, et la certitude qu’il ne partira plus, qu’il ne peut plus partir donne à cette femme l’énergie et l’espoir que tout est encore possible. Mais un jour l’homme réapprend à marcher, et la peur du vide revient.

La façon dont Laurent Mauvignier se glisse dans la peau de cette femme est véritablement troublante. Il compose un personnage tout en nuances, profondément humain, bouleversant dans ses peurs, contradictions, son courage et sa souffrance. Dans un style très parlé, heurté, qui laisse la place aux silences, Laurent Mauvignier réussit à nous toucher profondément, à nous ramener à nos propres angoisses face à la vie, l’abandon, la solitude. C’est beau et très émouvant, profondément humain et sincère, bien loin de l’exercice de style un peu vain de son dernier roman, Ce que j’appelle oubli.

Il y a dans Apprendre à finir un souffle, une vérité déchirante, une blessure inguérissable, comme la vie. Et c’est magnifique. Un très beau livre.

3 réflexions au sujet de « Chronique livre : Apprendre à finir »

Répondre à Anne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.