de Steven Soderbergh.
On est toujours soulagé quand on voit un nouveau Soderbergh débouler sur les écrans, le maître filme donc toujours. Ma vie avec Liberace fait partie de la veine de ses films clinquants, les Oceans par exemple. On y retrouve d’ailleurs Matt Damon, qui joue comme toujours parfaitement, et ici avec ambivalence, de son côté acteur page blanche.
Le film raconte l’histoire d’amour entre Scott et Liberace, pianiste de jazz embijouté et chéri de ses dames. Liberace est pourtant homosexuel et aime vivre en s’entourant en permanence de mignons qu’il façonne à son image, jusqu’à ce que ces jeunes hommes commencent à devenir moins dociles et soient expulsés sans pré-avis pour laisser la place à un autre encore plus jeune et malléable. Entre Scott et Liberace, c’est pourtant une vraie histoire d’amour dans tout ce qu’elle recèle de beau, de pathétique et de pervers.
Il est difficile de regarder un film de Soderbergh en n’ayant pas en permanence à l’esprit son intention de tout laisser tomber. Dans Ma vie avec Liberace, le réalisateur s’amuse à filmer la quintessence du kitsch, du superficiel, de l’apparence, un monde où tout n’est que façade et travestissement. On peut bien entendu y voir une métaphore du monde du cinéma, où tout est faux ou alors parodie de réel, et des raisons pour lesquels Soderbergh veut se détacher de cet univers du factice. Mais pourtant. Autant dans Effets secondaires, on sentait vraiment une certaine forme de lassitude dans la caméra du réalisateur qui semblait dire au spectateur « eh bien oui, je sais tout faire, et alors ? Est-ce pour ça que je suis obligé de continuer ? », autant dans Ma vie avec Liberace, Soderbergh retrouve quelque chose de la joie ou plutôt de l’envie. Malgré tout les flonflons et les dorures, malgré les manipulations de Liberace envers Scott, et bien malgré tout, il y a eu et il y a encore de l’amour entre Liberace et Scott, sans doute pas quelque chose de simple, sans doute pas quelque chose de sain, mais une forme d’amour, de vérité des sentiments.
Et c’est ce que Soderbergh semble nous dire ici, malgré tout, j’ai aimé et j’aimerai toujours le cinéma, même si cet amour n’est pas simple et n’est pas sain. Et si Soderbergh continue à ressentir une pointe d’amour pour le cinéma, sans doute tout n’est-il pas tout à fait perdu pour le spectateur avide de découvrir les nouvelles créations du réalisateur.