Chronique film : Effets Secondaires

de Steven Soderbergh.

DSC_8803.NEFDifficile de suivre Soderbergh tant sa production foisonne. Effets secondaires serait son avant dernier film, et ça serait bien dommage. Le goût de l’expérimentation de ce réalisateur, son éclectisme, sa grande maîtrise et surtout sa grande liberté sont rarissimes dans le paysage cinématographique mondial. Effets secondaires est un film à tiroirs, de multiples tiroirs. Emily, une jeune femme diaphane attend patiemment que son homme, enfermé pour délit d’initié, sorte de prison. Mais quand celui-ci est enfin libéré, Em’ craque, plonge dans la dépression et les pulsions suicidaires. Un psychiatre la prend en charge, lui prescrit des médicaments, et hop, la belle trucide son mari. Violente ? Sous le coup des médicaments ?

La première partie du film suit Emily : mise en scène cotonneuse, attention portée au visage de l’actrice (Rooney Mara, méconnaissable à chaque rôle), musique qui enferme la jeune femme dans sa bulle. On est dans la subjectivité totale et s’il s’avère plus tard qu’Emily mime les signes de la dépression, la mise en scène de Soderbergh mime également l’état dépressif. C’est bien fait, il entoure son personnage de vide, le coupe progressivement du monde extérieur.

A chaque rebondissement de l’intrigue (elle est folle, non c’est les médocs, non c’est un meurtre, non c’est un délit d’initié, non etc.), Soderbergh fait évoluer sa mise en scène jusqu’à complètement inverser les rôles : le psychiatre manipulé reprend le pouvoir dans une scène de bar où il apparaît rougeoyant, tout droit sorti des enfers. Les victimes deviennent bourreaux, redeviennent victimes, les lignes du pouvoir de croisent, s’inversent dans un jeu de dupes infini. Et de cet infini justement se dégage une mélancolie absolue, comme si Soderbergh nous montrait que, voilà, quelque soit le sujet (intime, politique, financier, médical…), quelque soit la façon de le traiter, aujourd’hui tout se répète pour lui et que finalement, il n’a plus grand chose à dire.

Je comprends qu’on puisse trouver ça un peu chiant, mais personnellement, j’adore, je trouve ça déchirant, écorché, d’une tristesse et d’une beauté infinies et surtout totalement personnel. Mais bon, Steven, s’il te plait, va voir un psy, un bon ISRS, ça ne te ferait pas de mal, enfin… bon écoute on en parle ok ?

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