de Michael Connelly.
La crise économique touche tout le monde, et les meurtriers ont bien du mal à se payer les services d’un avocat. Haller s’est reconverti dans la défense des droits des propriétaires menacés d’expulsion et en conflit avec leur banque pour défaut de paiement. Mais une de ses clientes, l’insupportable Lisa Trammel, est arrêtée pour le meurtre d’un banquier. C’est l’occasion pour Haller, et malgré l’antipathie qu’il éprouve pour sa cliente, de se remettre le pied à l’étrier. Roman procédural somme toute assez classique, mais enquête à tiroirs, voilà de quoi maintenir l’intérêt du lecteur malgré l’épaisseur du volume.
Dans ce nouveau roman du maître Connelly, on retrouve Mickey Haller pour sa quatrième aventure. L’auteur délaisserait-il progressivement son enquêteur fétiche pour son demi-frère avocat ? En tous cas, une chose est sûre, autant les aventures de Bosch sont toujours d’un sérieux papal, autant Connelly semble se détendre un peu du caleçon avec Haller. L’avocat n’a pas en effet à être moralement irréprochable, et malgré la noirceur de l’enquête, on se retrouve souvent à sourire des pirouettes d’Haller. Mais ce qui intéresse le plus Connelly, visiblement depuis quelques temps, c’est de mettre à mal la notion de héros. Que ce soit Bosch depuis quelques opus, ou Haller ici, leur réussite n’est qu’apparente. Ils sont brillants et acharnés certes, mais pas suffisamment pour comprendre qu’ils sont les jouets de manipulations qui les dépassent (The Drop, Nine dragons) ou qu’ils refusent de voir (The Fifth Witness), ce qui est bien pire. Alors certes, nos bonshommes finissent par retomber sur leurs pieds. Mais jusqu’à quand ?
Sans bouleverser le paysage du roman noir, Connelly réussit à inclure les évolutions du monde dans ses romans et notamment la complexification de la machinerie politique, économique et sociale. Ses héros en sont un peu perdus, mais le lecteur y trouve complètement son compte.
Ed. Orion