de Catherine Ysmal.
C’est nu qu’il faut aller.
La source au bout de mon doigt n’existe qu’à l’invisible.
Il s’appelle Ilya et ce prénom, une indétermination dont il faut s’extraire. Ce sera la mort du père, déclencheur qui déliera la langue et dessinera les contours.
Deuxième texte de Catherine Ysmal publié chez Quidam Editeur, A vous tous, je rends la couronne est une toute petite chose par son épaisseur, mais une très belle chose par son propos et son écriture. On retrouve dans ce texte la préoccupation majeure de son auteur pour la langue, comme outil de construction propre et personnel qu’il faut forger, conquérir au-delà des autres, pour et par soi-même. Ilya se construit donc, et pour ça compose et décompose la langue, extirpe le sens des mots, des lettres, quitte à les tordre, extirper leur jus, leur moelle, pour les faire parler. Libéré de la langue imposée de l’autre, ici le père, Ilya se rassemble et s’invente.
Loin d’être un construction purement intellectuelle, l’écriture de Catherine Ysmal a quelque chose de profondément charnel dans son appel permanent au corps. Au corps malmené, malade ou mort – celui du père, celui du chat -, ou au corps à composer, à raccommoder, -celui d’Ilya -, dont on ne perçoit que des fragments (les viscères, le doigt, la langue) ou encore l’ombre, la forme. Par la langue, débarrassée de la langue des autres, le corps comme l’esprit se forment, trouvent leur cohésion, leur voie et leur voix.
A vous tous, je rends la couronne est un chemin, un chemin vers soi par et au travers de la langue, une naissance, un jaillissement poétique. Et la confirmation du talent unique de son auteur.
Ed. Quidam Editeur