Chronique film : Inglourious basterds

de Quentin Tarantino.


Clique sur le tas de scalps.

Bon, que dire de ce film : il n’a pas eu la palme d’or, et c’est absolument normal. Très long, le film navigue entre brillantes fulgurances à la mise en scène incroyable, et moments très plats sans beaucoup d’intérêt. Le film est très long, 2h30. On ne s’ennuie pas vraiment, mais on passe quand même tout le film à se dire « ok, mais pourquoi faire ? ». Tarantino s’essaie à une mise en scène plus diversifiée que d’habitude, et ça lui va plutôt bien, le film est assez beau quand il se pose notamment. Malheureusement, il y glisse certains de ses trucs de petits malins, déséquilibrant ainsi l’ensemble, ça part du coup dans tous les sens, et le film est effectivement très « bâtard » et peu glorieux.

On se fout un peu des innombrables invraisemblances et des libertés avec l’histoire, même si certaines sont quand même limites. Heureusement que le film sort après les examens, sinon, ça aurait donné d’excellentes perles du bac. Mais ce qui dérange le plus, c’est vraiment l’impossibilité de décrypter le pourquoi de l’affaire : ni hommage aux films noirs, ni aux films d’actions asiatiques, ni divertissement pur, ni (malgré la musique du grand Ennio Morricone et quelques plans à la Leone) au western, ou plutôt hommage à tout ça à la fois, on ne réussit pas à trouver une véritable accroche à tout ce binz. Tarantino manque de fil conducteur et de rigueur dans son projet, se contentant d’alterner scènes de suspense, scènes sanguinolentes et scènes spectaculaires.

Tout ça est très bien fait, accompagné d’une musique heureusement impeccable, et d’un acteur effectivement impressionnant, mais ça ne fait pas un film. Tarantino s’essouffle. Le fin d’une époque ?

Chronique film : Le temps qu’il reste

d’Elia Suleiman.

IMG_1116ret_800
Combien de temps il reste ? Clique sur l’igyène.

N’ayant pas vu Intervention divine, et me souvenant des critiques élogieuses du Temps qu’il reste lors de son passage à Cannes, c’est avec envie que je suis entrée dans la salle. Et si le début du film a complètement remplie mes attentes, mon intérêt s’est peu à peu effiloché au cours du film, pour reprendre un tout petit poil de la bête à la toute fin.

Le film raconte l’histoire d’une famille palestinienne restée à Nazareth après la création d’Israël en 1948. Le récit est en partie autobiographique, composé d’un prologue magnifique (le chauffeur de taxi, perdu sous un véritable déluge, qui a perdu sa route), et de 4 épisodes chronologiques de la vie de la famille : 1948, l’enfance de Suleiman, son adolescence et aujourd’hui. La première partie, pourtant la moins factuelle puisque Suleiman n’était pas encore né, est vraiment la plus réussie. Retraçant de manière faussement légère la colonisation israëlienne de Nazareth, Suleiman réussit une vingtaine de minutes totalement subversives et poignantes. C’est filmé avec distance et élégance, sans beaucoup de paroles. Suleiman fait confiance à l’intelligence du spectateur et évite ainsi d’être inutilement et lourdement explicite. C’est très très beau.

Malheureusement, plus les âges de Suleiman avancent, et probablement plus ses souvenirs sont nombreux, moins le film réussit à garder cette noirceur et cette profondeur, pour glisser progressivement vers la chronique familiale. L’Histoire retracée au travers d’une histoire de famille devient une histoire de famille sur fond d’Histoire, et c’est nettement moins intéressant, même si très attachant. On saisit alors tous les tics comiques de Suleiman, ses personnages immobiles, présents mais absents comme l’indique le sous-titre du film, finissent par ne plus faire rire, et même un peu agacer. J’irai jusqu’à dire que le film manque globalement de finesse dans ses deux dernières parties, malgré quelques moments vraiment très jolis (le fils qui regarde la photo que sa mère ne veut jamais lâcher et qui représente son père dans l’exacte position que sa mère occupe tous les jours de la fin de sa vie).

Pas une entière réussite donc, mais le film mérite cependant d’être vu, pour son sublime « prologue » et sa très belle première partie.

 

Chronique film : L’Age de glace 3 – Le temps des dinosaures

de Carlos Saldanha.


Hop à la poubelle. Glaglaclic.

Ben voilà, il fallait bien que ça arrive, l’Age de glace 3 est l’épisode de trop dans cette hilarante saga. Dire qu’il est moins bon est un euphémisme, il est carrément mauvais. Jamais vraiment drôle, on suit ça avec un vague sourire aux lèvres, un peu crispé. Trop d’attente sans doute. Mais tout de même.

Le graphisme n’a jamais été le point fort de l’Age de glace, là, j’ai l’impression que c’est pire, outre deux ou trois scènes. La musique est pire que tout, une espèce de sirop dégueulasse et difficile à supporter. Les scénaristes ont surtout eu l’encéphalogramme plat, et toutes les idées tombent à l’eau. Très mauvaise initiative effectivement de faire chavirer le long-métrage sous le signe de l’amour et de la famille. Tout devient consensuel et mou.

L’excellent écureuil monomaniaque succombe également, et le dispositif simplissime qui fonctionnait formidablement bien, justement grâce à sa simplicité (un écureuil, un gland, 100 possibilités), tombe amoureux, et perd par là même son essence comique. Je préfèrerais éviter de parler du doublage : les doubleurs ont beau être des vedettes ils font clairement le minimum syndical. Et puis quelle idée d’humaniser à ce point là les personnages : madame écureuil ressemble à Barbie, le bébé mammouth pousse des cris de nourrisson, c’est assez ridicule.

Bouarf. Pas l’éclate.

Chronique film : Là-haut

de Pete Docter et Bob Peterson.


Pour voir la petite vie en grand, clique.

Les éléments sont contre moi et je ne sais pas si je vais finir par pouvoir aller voir l’Age de Glace 3. A défaut, direction la nouvelle production Pixar, avec une relative confiance : Pete Docter a été le producteur exécutif de WALL-E et Bob Peterson a écrit le scénario du Monde de Nemo. Avec Pixar, on peut s’attendre à tout, du meilleur (WALL-E, Nemo) à l’infâme (Cars…oui je sais, j’en ai vu que 5 minutes, mais ça m’a suffi).

Bon point, Là-Haut est précédé d’un court-métrage hilarant d’une cigogne qui s’en prend plein la gueule, parce qu’elle doit transporter des bébés pas franchement choupinets : c’est idiot, mais c’est très drôle, et ça donne le droit de vivre aux pas beaux, ce qui est louable.

Passons à Là-Haut : j’ai pas marché, j’ai couru, et Disney a réussi à me rouler dans la farine. Ça démarre superbement par 10 minutes sans parole pour raconter 60 ans de le vie d’un couple : leur mariage, leurs rêves, leurs réalisations, leurs routines, leurs désillusions, leur amour absolu, la maladie et la mort de l’épouse. On sait tout de ce couple dans ces 10 minutes, c’est vraiment magnifique. On ne peut qu’applaudir de joie devant cette maîtrise de l’ellipse, de la mise en scène. Tout passe avec une grande finesse, une belle retenue, et pudeur. Un coup de maître. Ça place par conséquent la barre très haut, et, bien que réussi dans l’ensemble, la suite du film a quand même du mal à rivaliser avec ce magistral début, et il y a fort à parier que c’est ce qui restera du film.

Le scénario n’est clairement pas son point fort, il a quand même un peu du mal à se tenir. Les scénaristes ont bien essayé de créer des ponts entre les parties, mais il reste quelque chose d’un peu maladroit et trop fabriqué. Malgré ça, on ne peut que féliciter la prise de risque d’avoir choisi un papy acariâtre et croulant comme héros : on pense inévitablement à Gran Torino, un pépé pas commode, un gamin maladroit, un apprentissage mutuel et une réconciliation finale. Le pépé n’est pas franchement flambant neuf, et la description de la vieillesse, avec sa dégradation physique, son déambulateur, son dentier, est relativement frontale. Elle est même tournée en dérision dans une scène de bataille fort peu échevelée entre deux croulants, assez marrante.

Le film est par ailleurs vraiment drôle, rempli de bestioles crétines, dont des chiens parlants obnubilés par les écureuils, et un oiseau au cri débile. Mais là où le film est vraiment bluffant c’est dans l’émotion qu’il dégage : rien de facile, les scénaristes jouent subtilement sur des sentiments profonds pour mener leur barque : solitude, peur de l’abandon, impression d’avoir raté sa vie, volonté de se faire aimer… Le film brasse des thèmes forts au travers de l’ensemble de ses personnages, des vieux, des gamins, du chien, de l’oiseau, indifféremment. Et on retrouve un peu de la morale de Coraline dans ce film-là, sur la beauté des choses simples, mais aussi la beauté du rêve et de la force de dire non. Très très bien.

Chronique film : Harry Potter et le Prince de Sang mêlé

de David Yates.


Balais magiques ? Prêts pour un Quidditch ? Clique.

Confirmation avec ce sixième volet de la saga Potter : David Yates, déjà au commande du précédent épisode, est un bon metteur en scène.

Condenser un roman foisonnant de plus de 700 pages en « seulement » deux heures et demi, c’est audacieux, et pas très réussi : l’histoire a beaucoup de mal à tenir un peu debout, l’élagage a été brutal, et on se demande parfois si HP6 n’aurait pas mérité, comme HP7, d’être scindé en deux parties. Mais l’univers fascinant créé par Yates suffit largement à faire tenir tout ça : sombre, voire très très sombre, angoissant, mais pas dénué d’humour du tout. C’est une belle réussite. Visuellement, les décors, les effets spéciaux et la photographie sont exceptionnels. La première scène décoiffe d’ailleurs, virée hallucinante dans les rues de Londres, pour finir en explosion du Millenium Bridge. Tout un symbole. Le monde de la magie s’effondre sous le poids du mal qui s’attaque également au monde « normal ». On peut regretter par contre une musique totalement consensuelle, les beaux efforts de Yates en ce qui concerne la mise en scène auraient mérité un peu plus punk, mais il ne faut pas trop en demander.

Les héros grandissent et les hormones flambent. C’est assez bien amené : au détour d’un plan on croise des ados qui rigolent niaisement, les filles sont toujours folles de la baguette d’Harry, mais celui-ci reste quasi imperturbable. J’ai toujours un gros coup de cœur pour la gamine qui joue Luna Lovegood (Evanna Lynch), en deux scènes, elle est absolument impayable avec ses lunettes à paillettes, ou sa tête de lion. Dommage donc que le scénario ait été sacrifié à ce point. David Yates a réussi à tirer son épingle du jeu de cette énorme machine, en prenant certes beaucoup de liberté par rapport au bouquin. Vivement qu’il soit « débarrassé » de la saga Potter pour se tourner vers des choses un peu plus personnelles.