de Jean Cagnard.
Parmi la myriade d’auteurs gentiment perchés dans leurs arbres (voir par là), Jean Cagnard est sans aucun doute celui qui me touche le plus. Plancher japonais est le troisième roman que je lis de cet auteur et jamais il ne déçoit, jamais il n’ennuie. Il faut dire qu’il n’est jamais vraiment là où on l’attend et bien malin à qui saurait prévoir la route que prendront ses phrases.
Dans Plancher japonais, Jean Cagnard raconte l’histoire d’un garçon qui trouve son chez lui, et ce chez lui c’est l’écriture. Alors évidemment, avant d’en arriver là, il tentera d’abord le tipi, il côtoiera un architecte et son chien toujours vivant, il parlera dans un bout de bois pour joindre au téléphone sa copine et il croisera Neil Young.
Mais Jean Cagnard n’est pas qu’un doux rêveur et c’est sans doute ce qui me touche le plus. Ses romans gardent toujours un pied sur le sol et les réalités élémentaires et matérielles de la vie : comment on gagne sa vie, comment on construit un tipi, comment on se fait braquer une voiture. Son socle est terrien, son personnage n’échappe pas au quotidien. Mais ce quotidien est émaillé de glissements, bizarreries sans qu’il n’y ait jamais rien de cucul-poétique-gnangnan. Et l’écriture suit, parce que mazette, que c’est bien écrit, que c’est beau. Quelle maîtrise faut-il pour emmener le lecteur avec lui dans cet univers, quelle liberté. Jean Cagnard se permet tout et ça fonctionne. Sans doute moins abouti que l’Escalier de Jack, parsemé de quelques micros longueurs, Plancher japonais n’en est pas moins un vrai délice qui émerveille à chaque page. C’est bientôt Noël il paraît.
Ed. Gaïa
Un chien traverse la page, il n’a rien à faire là, mais il est là quand même. Le lecteur s’en étonne et le narrateur lui-même
Parfois un bon petit polar venu du Nord, ça ne peut pas faire de mal se dit-on. Et puis la couverture (superbe) de celui-ci nous fait déjà voyager dans les forêts boréales finlandaises, parsemées de lacs glaciaires. On sent déjà l’odeur du pin et le froid qui nous brûlent les narines. Le mystère, la violence qui émergent dans cet écrin sauvage et inhospitalier, on devine un inspecteur mutique et tourmenté par ses propres démons en train d’essayer d’achever ceux des autres.
